Jacques-Antoine Granjon (Veepee, ex vente-privée.com) veut une Europe "sans concurrence déloyale"
Face à Amazon, le PDG de Veepee soutient les projets d'harmonisation fiscale. Attaqué pour ses pratiques commerciales, il défend sa bonne foi et son modèle.
Et si la fiscalité des multinationales était harmonisée ? Cette semaine, les 19 pays les plus riches du monde et l'Union européenne vont examiner la proposition de l'OCDE : une taxation mondiale des géants du numérique, comme Amazon et Google, et des multinationales.
Le marché européen, "une conquête difficile"
Invité éco de franceinfo, Jacques-Antoine Granjon espère une harmonisation. Pour le fondateur de Veepee, ex vente-privée.com, qui prévoit quatre milliards d'euros de chiffre d'affaires cette année, c'est essentiel : "Le sujet, c’est la création d’un marché européen, où les entreprises aient la même fiscalité, quel que soit leur pays d’origine". "Nous payons nos impôts en France", rappelle Jacques-Antoine Granjon, qui veut être traité à égalité, par exemple, avec Amazon.
"Pour la première fois l’an dernier, explique le dirigeant, nous avons réalisé 50% de notre chiffre d’affaires dans douze pays européens. C’est extrêmement difficile de se lancer à la conquête de l’Europe. C’est beaucoup plus facile pour Amazon de se lancer à la conquête des États-Unis. L’Europe est un continent dans lequel nos entreprises doivent pouvoir se développer sans être en concurrence déloyale avec d’autres Gafa et Amazon".
Libra : "une monnaire plus libertaire, c'est le sens de l'histoire"
Un autre géant du numérique, Facebook, tente, avec ses partenaires de crééer le Libra, une monnaie numérique, déjà très contestée. Veepee soutient-il ce projet ? "Les États vont avoir du mal à abandonner leur côté régalien", estime Jacques-Antoine Granjon. Mais "si le Libra existe un jour, on pourra payer en Libra sur Veepee". Est-il séduit ? "Qu’il y ait des bitcoins et une monnaie qui soit plus libertaire, c’est intéressant, c’est le sens de l’histoire".
Destockeur, un métier d'avenir ?
Jacques-Antoine Granjon en est convaincu. Son métier historique, soldeur, reste pertinent : "Avec une décote extrêmement importante, avec des marques de grande qualité, on vend 125 millions de produits par an, pour 7 000 marques, à 75 millions de membres, dans toute l’Europe".
Mais la consommation n’est-elle pas en train de changer ? De plus en plus d’acheteurs veulent consommer moins, mais mieux. Jacques-Antoine Granjon assure qu’il en tient compte. Veepee vend de plus en plus de téléphones reconditionnés. Le dirigeant s’apprête à proposer à ses clients de "renvoyer leurs retours non pas dans les stocks de Veepee et donc finalement dans les entrepôts des marques, mais directement à un consommateur qui a envie d’acheter ce produit à moment-là. C’est le sens de l’histoire".
Accusé, Veepee se défend
Veeepee est renvoyé devant la justice pour pratiques commerciales trompeuses. La direction de la concurrence accuse le destockeur d’avoir affiché des faux prix de départ, pour donner l’impression que ses promotions sont plus fortes, plus intéressantes, qu’elles ne le sont réellement. Jacques-Antoine Granjon proteste : "Je m’oppose totalement à cette accusation ! Ça m’a chamboulé. Ils nous ont donné en pâture aux médias. Il y aura un procès et nous nous défendrons !"
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.