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"Internet et les magasins de vêtements sont complémentaires", assure l'Institut français de la mode

Dominique Jacomet, directeur général de l'Institut français de la mode, était l'invité de Jean Leymarie lundi sur franceinfo. Il a réagi à la disparition progressive des petits magasins de vêtements.

Article rédigé par franceinfo
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Dominique Jacomet, directeur général de l'Institut français de la mode, le 18 septembre 2018 sur franceinfo. (FRANCEINFO)

L'été a été meurtrier pour les magasins de vêtements. Ils sont nombreux à avoir fermé leurs portes, dans une dizaine de villes. C'est le cas de magasins des enseignes Brice, Jules ou encore Newlook. Auparavant, les enseignes Pimkie ou Mim avaient déjà été touchées.

franceinfo : Est-ce que ces magasins de vêtements de centre-ville sont en train de disparaître?

Dominique Jacomet : La vente de vêtements est soumise à une concurrence intense, car l'offre est extrêmement concentrée. Il n'y a que 10% de détaillants indépendants, et le reste est représenté par des chaînes qui s'affrontent. L'autre élément à connaître est que la taille des surfaces de vente a augmenté de 200%, alors que la consommation de vêtements n'a augmenté que de 20%. Il y a donc forcément des gagnants et des perdants.

Qui sont ceux qui perdent le plus ? Est-ce que ce sont justement ces magasins de centre-ville ?

C'est vrai que le centre-ville est dans une situation particulière, mais il y a quelques mois, on était surtout inquiets pour les magasins en périphérie des villes. Aujourd'hui, leurs chiffres sont meilleurs. Nous sommes sur un marché extrêmement volatile et sensible à la conjoncture. On voit que les grands magasins tirent leur épingle du jeu; le luxe aussi se porte bien.

Est-ce qu'il y a tout de même un point commun entre les situations difficiles ?

Il y a plusieurs facteurs qui jouent dans ce secteur. D'abord l'attractivité du point de vente, le service au client. Il y a aussi une forte concurrence sur les coûts. Mais même dans les chaînes de centre-ville, il y a des succès.

Des marques comme Kiabi, Zara ou Primark fonctionnent très bien. Est-ce qu'il y a une recette gagnante pour ces enseignes-là ?

Je crois que chacun doit trouver sa place et chacun s'adresse à un type de client particulier. C'est un marché qui est très segmenté. Chacun a ses points forts, et cela dépend aussi de leur positionnement, notamment sur les accessoires : la maroquinerie, les chaussures, les bijoux...

Mais quand même, il y a des difficultés. Entre janvier et juillet 2018, les ventes ont diminué de 2,3%. Il n'y a rien d'inquiétant ?

C'est vrai que c'est une déception. Mais il y a beaucoup de facteurs qui entrent en compte. Les Français ont l'impression d'être dans une situation économique moins facile. Il y a aussi les événements climatiques comme les inondations du printemps qui ont eu un effet sur les ventes. Le printemps a été froid, ce qui est mauvais pour la consommation de vêtements. 

Que pèse internet aujourd'hui dans votre secteur ?

C'est la grande transformation du secteur. Nous sommes aujourd'hui à 14% de ventes réalisées par internet. Mais le développement du e-commerce ne signifie pas du tout la disparition des magasins. Les consommateurs continuent à aller dans les magasins. On observe d'ailleurs que ceux qui achètent sur internet font beaucoup plus d'achats dans les magasins physiques plutôt qu'en ligne. Ce sont des éléments complémentaires. Ce qui reste un défi, c'est que le consommateur veut passer de l'un à l'autre de manière fluide.

Est-ce qu'une marque peut être à la fois puissante sur internet et avoir un réseau de magasins physiques important ?

Ça n'est pas impossible. D'ailleurs, les ventes réalisées sur internet par les magasins physiques sont très fortes depuis le début de l'année. On se dirige vers la combinaison de la vente physique et sur internet. 

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