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Inflation : "On ne répercute pas l'ensemble de nos hausses du coût dans nos tarifs", assure le directeur général de Bouygues Telecom

En pleine période de publication des résultats du troisième trimestre des entreprises, Benoît Torloting, directeur général de Bouygues Telecom, réagit aux chiffres de l'opérateur télécom au micro de franceinfo.
Article rédigé par Camille Revel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Benoît Torloting, directeur général de Bouygues Telecom, invité éco de franceinfo. (franceinfo)

Bouygues Telecom se porte bien. Deux chiffres sont en hausse depuis le début de l'année, le nombre de clients mobiles qui s'élève à 15,4 millions et celui des abonnés à la fibre, chiffré à 3,4 millions. Le chiffre d'affaires de l'entreprise a également grimpé de 3% en un an. Benoît Torloting, directeur général de Bouygues Telecom, répond aux questions de franceinfo.

franceinfo : Comment est-ce qu'on se positionne par rapport à un mastodonte historique comme Orange, par rapport à Free et par rapport à SFR ? Quelle est la stratégie de Bouygues Telecom ?

Benoît Torloting : Ce que l'on essaie de faire, c'est d'abord de délivrer une qualité de service de tout premier plan, à des prix très compétitifs et en y ajoutant un engagement humain qui s'exprime par une proximité client qui fait la différence également par rapport à nos concurrents. Pour illustrer le premier volet de la qualité, on est très heureux parce que l'Arcep, l'autorité de régulation des télécoms qui, chaque année, réalise une enquête de qualité de service sur les réseaux mobiles, vient de publier son édition 2023. Et pour la 10e année consécutive, Bouygues Telecom est le deuxième meilleur réseau en qualité de service sur la partie mobile.

Dans ce classement, vous êtes notamment au coude-à-coude avec Orange sur l'Internet mobile en zones denses, mais en quatrième position en zone rurale. Ce qui signifie que dans 75% des cas, vous arrivez à afficher des pages Web en moins de dix secondes. Qu'est-ce que vous faites pour améliorer la couverture et le débit en zone rurale ?

Notre stratégie mobile est de continuer à investir fortement dans les zones rurales et dans les zones denses pour deux choses. D'abord, accroître la couverture sur les nouveaux sites. On a depuis trois ans 5 000 nouveaux sites, Bouygues Telecom sur le territoire pour les clients. Ensuite, on souhaite améliorer également ce qu'on appelle la capacité à écouler le trafic mobile d'une manière fluide. Ce trafic augmente chaque année de 15 à 20%. Chaque année, on investit 25% de notre chiffre d'affaires dans la partie mobile et dans la partie fibre pour améliorer cette qualité de service.

Vous avez des revenus en hausse pour les abonnés mobiles et fixe, 19,80 € en moyenne par mois par client mobile, 30,90 € par mois par client fixe en moyenne. Nous savons tous qu'il y a l'inflation. Avez-vous augmenté vos tarifs pour suivre les hausses de coûts ?

Comme toutes les entreprises, nous subissons une inflation de nos coûts. Notamment des coûts de l'énergie, de personnel et de composants dans nos box. On a dû ajuster nos tarifs, mais on ne répercute pas l'ensemble de nos hausses du coût dans nos tarifs. Surtout, on fait bien attention à avoir toujours des prix très compétitifs et avoir une gamme de tarifs réellement large au choix des clients, pour qu'il y en ait quelque part pour tous les budgets, à la fois dans le mobile et dans le fixe.

De combien vos tarifs ont-ils augmenté en moyenne alors ?

Les tarifs augmentent de 1 à 2 euros selon les types d'offres. Donc, effectivement, c'est bien moins qu'une hausse du coût. Mais dans le même temps, on propose des offres vraiment à bas prix. On vient de lancer par exemple une nouvelle gamme de forfaits mobiles. On propose aux familles un forfait à 5 euros pour cinq gigas et cette offre est très compétitive dans le marché actuel.

Il y a aussi le marché des entreprises. Deux de vos concurrents, Orange et SFR, sont en bonne position. Est-ce que ce marché est un enjeu pour vous ?

C'est un vrai volet de développement pour Bouygues Telecom. Nous sommes présents aujourd'hui dans le marché des entreprises, beaucoup sur la partie mobile et de plus en plus sur la partie fibre puisqu'effectivement, ce passage à la fibre est un vrai moment pour les entreprises, pour se repositionner et choisir un nouvel opérateur. Bouygues Télécom prend de belles positions aujourd'hui sur ce passage à la fibre, car on a déployé notre propre réseau fibre. On peut proposer aux entreprises une fibre dédiée pour les accompagner dans ce mouvement vers le digital. On leur propose également de les accompagner sur le mouvement vers le cloud ou la cybersécurité. Sur ce volet, on est un challenger, mais un challenger innovant et proche de ses clients sur la partie accompagnement pour avoir de belles propositions de service par rapport à ce que font les leaders aujourd'hui sur ce marché.

Nos confrères de La Tribune affirment que des équipes d'Altice, le propriétaire de SFR, ont approché Free et Bouygues pour discuter d'un possible rapprochement. Est-ce que vous pouvez nous le confirmer ?

Il faut comprendre que le marché des télécoms en France et les acteurs français ne sont absolument pas dans la même situation qu'il y a sept ou huit ans, où il y avait eu beaucoup de discussions pour des rapprochements. Les acteurs étaient dans une situation financière compliquée à l'époque, ils avaient devant eux beaucoup d'investissements réalisés et ils se demandaient comment ils allaient faire. Depuis, l'ensemble des acteurs, en particulier Bouygues Télécom, a trouvé notre route sur le marché. On a repris le rythme de croissance, on a trouvé de quoi financer nos investissements dans la 5G, dans la fibre, donc le marché est très différent. Il y a aussi le volet sur les règles de concurrence. Aujourd'hui, on pense qu'au vu de ce que sont ces règles de concurrence au niveau européen, au niveau français, il n'y a pas de place pour un rapprochement en France, pour un passage de 4 à 3 opérateurs. On pense qu'a priori ce n'est pas envisageable pour les autorités de concurrence.

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