Covid-19 : "L'enjeu est dramatiquement historique pour notre secteur", clame le président de l'UMIH
"On espère simplement que ce virus va être endigué très rapidement", a espéré Roland Héguy lundi sur franceinfo.
Difficile de trouver un secteur économique dans le vert pour ce "lundi noir" sur les places boursières, en pleine crise du coronavirus Covid-19 sur fond de krach pétrolier, alors que la Bourse de Paris vient d'accuser sa pire chute sur une séance depuis 2008 (-8,39 %).
>> Suivez les dernières informations sur l'épidémie dans notre direct
Celui du tourisme ne fait pas exception, comme en témoigne le président de l’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie). Invité éco de franceinfo, lundi 9 mars, Roland Héguy prévient : face au Covid-19, "l'enjeu est dramatiquement historique".
franceinfo : Quelles sont les conséquences du coronavirus que vous mesurez dans les hôtels et les restaurants que vous représentez ?
Roland Héguy : L'enjeu est dramatiquement historique pour notre secteur. Pour l'hôtellerie et la restauration, nous sommes globalement entre 30 à 40 % de chiffre d'affaires en moins par rapport à l'année dernière. Surtout, sur les zones les plus affectées comme l'Oise, ou la région de Mulhouse, on est entre 75 et 100 % de moins. Les premiers à subir, ce sont les TPE (Très Petites Entreprises) qui sont en très grande difficulté. Leur vie se joue au jour le jour.
Le ministre de l'Economie a annoncé un certain nombre de mesures ce lundi en direction des entreprises : vous semblent-elles de nature, justement, à aider ces TPE dont vous ne parlez ?
Oui, bien sûr. On a vraiment une ambiance d'écoute de la part des ministres. Plusieurs points importants ont été validés par Bruno Le Maire. Le premier concerne le rapport des charges sociales et fiscales qui vont se faire dès le 15 mars simplement avec un appel téléphonique ou un clic sur Internet. C'est très important pour nous, il faut taper vite fort pour que les actions soient très simples pour nos entreprises. Ensuite, il y a le report de la taxe de 10 euros pour les contrats courts, et le dégrèvement des charges et des impôts qui va être analysé au cas par cas et entreprise par entreprise. Enfin, l'activité potentielle de nos entreprises pour le chômage partiel va être prise en charge dès le premier jour. Ça, c'est quand même trois points importants.
Est-ce que vous demandez vous un fonds de soutien, un fonds de solidarité spécifiquement pour le secteur de l'hôtellerie et de la restauration ?
On l'a effectivement demandé, mais le ministre a précisé que le temps de le mettre en place, il y aurait trop d'entreprises qui seraient déjà en grande difficulté, voire qui auront disparu. Donc, il a proposé un soutien de la Banque Publique d'Investissement (BPI) qui va de 40 à 70 %, pour garantir certains prêts financiers. On a demandé une suspension des remboursements sur les emprunts. On n'a pas eu de réponse officielle aujourd'hui. Mais comme on a rendez vous à Bercy tous les huit jours, on espère que d'ici là, on aura des réponses. On doit aussi aller plus loin sur d'autres sujets, comme ceux qui concernent les contrats saisonniers.
Le gouvernement a annoncé l'annulation de rassemblements de plus de 1 000 personnes, ce qui va avoir des conséquences sur les activités d'hôtels et de restaurants. Comprenez-vous ces mesures fortes ?
Je comprends effectivement la situation du gouvernement de faire de la protection et d'anticiper sur ce virus. Mais il faut savoir que quand on annule un évènement, il y a une cascade d'effets économiques qui sont très importants. Il y a le voyage en avion, en train ou en voiture qui est annulé. Derrière, il y a la chambre d'hôtel et la restauration qui sont elles aussi annulées. Idem pour les achats dans les commerces, etc. On affaiblit l'économie d'une façon très importante. Je crois que personne ne maîtrise aujourd'hui le coronavirus. On ne peut pas dire que l'on va trop loin. On espère simplement que ce virus va être endigué très rapidement.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.