Nicolas Hulot "est asphyxié, il est dans les cordes", estime le député européen écologiste Yannick Jadot
Alors que Nicolas Hulot assure qu'il ne quittera pas le gouvernement, Yannick Jadot estime sur franceinfo que le ministre de la Transition écologique "sert de caution à des renoncements, voire à des régressions"
"Nicolas Hulot était une très belle promesse dans ce gouvernement (...) Maintenant, il est asphyxié", a jugé vendredi 8 juin sur franceinfo le député européen d'Europe-Écologie-les-Vert Yannick Jadot. Le ministre de la Transition écologique, dont on a prêté l'intention de quitter le gouvernement, a assuré mercredi être "là pour le moyen et le long terme".
franceinfo : Nicolas Hulot va faire le bilan de son action au cours de l'été avec Emmanuel Macron. Vous ne cessez de répéter qu'il s'abîme au gouvernement. Appelez-vous à sa démission ?
Yannick Jadot : Nous savions depuis le départ qu'il était isolé dans un gouvernement dans lequel la plupart des ministres, et le premier d'entre eux, ont toujours méprisé l'environnement, ont toujours combattu les solutions écologiques. Maintenant, il est asphyxié. Je considère qu'à force de prendre des coups du ministère de l'Agriculture, de Bercy, de Matignon... il est dans les cordes aujourd'hui, Nicolas Hulot. Quand on a vu les résultats de la loi de l'agriculture et de l'alimentation, il s'est fait piétiner par Stéphane Travert [ministre de l'Agriculture] et par les arbitrages du président de la République. S'il arrache la fin du projet "montagne d'or" en Guyane, ce projet de destruction de la forêt pour des intérêts russo-canadiens... alors qu'il reste. Il servira à quelque chose. Mais aujourd'hui, incontestablement, il sert de caution à des renoncements, voire à des régressions.
Les Verts se réunissent ce week-end pour décider de la stratégie européenne. Faut-il y aller sous vos propres couleurs ou se rapprocher du mouvement de Benoît Hamon, Générations ?
Il faut que les écologistes aillent défendre dans la campagne européenne un projet 100% européen, 100% écologiste. Il y a des avancées au parlement européen. On vient de l'évoquer sur l'huile de palme. On pourrait évoquer la pêche électrique, les données personnelles... Ce sont les écologistes qui ont construit des majorités autour d'eux. Il faut des écologistes au parlement européen. Si des membres de Générations se retrouvent dans ce projet, ils sont les bienvenus.
400 000 signataires pour une pétition contre le glyphosate. Il y a un mouvement sociétal, pas forcément écolo. Est-ce que les Verts peuvent capter ce qui est en train de se passer dans la société ?
C'est leur rôle. C'est leur rôle de montrer que dans la société, il ne faut pas simplement être contre le glyphosate, mais il faut montrer comment des paysans, aujourd'hui, en sont sortis. Des paysans sont exemplaires. Des entreprises font les énergies renouvelables. Beaucoup, dans la société, protègent la santé et l'environnement. À nous de les mettre en valeur. À nous de porter un projet positif pour l'Europe et d'offrir à notre jeunesse l'Europe qu'elle mérite.
Soutenez-vous le mouvement de la FNSEA qui s'oppose au projet de bio-raffinerie de La Mède ?
Je soutiens la fin de ce projet de raffinerie et d'importation d'huile de palme, parce que l'huile de palme vient directement de la destruction des forêts d'Indonésie, de Malaisie, de Papouasie, renforçant terriblement le dérèglement climatique et les émissions de gaz à effet de serre. En soutenant ce projet-là, la France torpille une décision du Parlement européen que les écologistes ont arraché qui est l'interdiction de l'huile de palme dans les agro-carburants. Le seul problème que j'ai avec la FNSEA, c'est que la FNSEA veut aussi faire des agro-carburants de ce qu'on appelle de première génération, issus d'une agriculture très intensive. J'étais hier avec les apiculteurs. Les grands champs de colza arrosés de RoundUp, c'est la fin des abeilles, c'est la fin des apiculteurs et c'est la fin de la biodiversité. Donc oui à l'arrêt du projet La Mède. Le gouvernement ne peut pas dire "C'est un engagement de la France", alors que, depuis, on a fait l'accord de Paris.
Il faut que le gouvernement et Nicolas Hulot reviennent sur cette autorisation. Il en va de l'avenir des forêts dans l'Asie du Sud-Est. C'est une exploitation terrible des personnes sur place. C'est le dérèglement climatique, c'est la fin de la biodiversité, c'est une faute politique que de soutenir ce projet
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