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Nicolas Dupont-Aignan favorable à "une union" des droites qui "vienne de la base"

Nicolas Dupont-Aignan, député et président du mouvement Debout la France, était l'invité du "19h20 politique", lundi, sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Nicolas Dupont-Aignan, député de l'Essonne et président de Debout la France, était l'invité de franceinfo. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Le député de l'Essonne et président du mouvement Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, était l'invité du "19h20 politique", lundi 16 avril sur franceinfo,a lors que le projet de loi Asile et immigration arrive en débat à l'Assemblée nationale pour un vote solennel prévu vendredi. 

franceinfo : Allez-vous voter ce texte ? 

Nicolas Dupont-Aignan : Non. Je voterai contre, mais pas pour la même raison que certains. Je voterai contre parce que c'est un projet qui n'aboutira pas à grand-chose et je pense qu'on ne traite pas la mesure de l'ampleur du défi migratoire. Rien ne peut se faire si on ne rétablit pas le contrôle aux frontières. Je remarque que 80% des Français d'ailleurs l'exigent. Rien ne peut se faire si on ne supprime pas "l'appel d'air social". C'est pourquoi j'avais proposé, pendant la présidentielle, un délai de carence pour bénéficier d'une aide sociale. Quand on est étranger, on devrait avoir deux, trois, quatre, cinq ans de travail en France. Et puis, enfin, un vrai plan d'aide au développement car si on ne traite pas la question de la misère en Afrique, nous serons débordés. Donc, ça veut dire un vrai plan et pas des petites mesurettes. C'est un projet de loi de communication. Les associations s'indignent. Le gouvernement veut avoir l'air ferme.

Ceux qui travaillent sur le terrain jugent le texte trop répressif...

Ceux qui sont en faveur d'une immigration massive et qui la favorisent, oui, parce que ce projet est un début de début de réponse, mais il ne traitera pas le problème de l'immigration massive. Il faut contrôler nos frontières, il faut supprimer "l'appel d'air social" et il faut expulser aussi les clandestins qui ne bénéficient pas de l'asile, qui ne sont jamais expulsés, ce qui fait que le droit d'asile indispensable - et j'y suis favorable - est détourné pour de l'immigration clandestine.

La politique migratoire est-elle un point de ralliement possible entre les droites au sens large ? Jeudi, Thierry Mariani et d'autres personnalités politiques ont signé une tribune "pour l'unité de la droite", dans Valeurs actuelles (lire la tribune).

En créant "Les amoureux de la France" avec d'autres, bien évidemment. Nos électeurs, qu'ils soient Républicains, qu'ils soient Debout la France, qu'ils soient Front national, j'en suis convaincu, veulent un programme sérieux. Cela veut dire un programme commun. On n'est pas d'accord sur tout, mais je sais que ce qui nous rapproche est plus fort que ce qui nous différencie. Et si on veut une alternative à Emmanuel Macron, à sa politique injuste socialement et à sa politique de laxisme sur la sécurité et l'immigration, il faut s'entendre.

Une alliance est donc possible pour vous ?

Ça ne partira pas du haut. Laurent Wauquiez ne veut pas parler à madame Le Pen, monsieur Philippot a quitté madame Le Pen etc. Tout cela ne m'intéresse pas...

Vous, vous voulez parler à tout le monde ?

D'abord, je pense être au bon centre de gravité et surtout je veux que ça vienne par la base, par les électeurs qui en ont marre de perdre toutes les élections alors qu'ils sont majoritaires uniquement par la division de leurs grands chefs. Ce n'est pas l'union pour l'union. C'est l'union sur un programme sérieux. Et je veux qu'on tire les leçons de 2017. Un programme sérieux où on reprend point à point nos propositions. Et on aura d'autres exercices et d'autres élections pour tester ces élections.

Ce lundi, vous avez assisté au débat parlementaire, sans vote, sur les frappes françaises en Syrie. Qu'en avez-vous pensé ?

Oui, bien sûr, j'y étais. Ce débat a montré les deux points de vue : d'un côté, le gouvernement et de l'autre, une opposition plurielle. Moi, mon avis est très simple : le gouvernement s'est engagé dans un engrenage sans fin. Je le conteste totalement, parce qu'il fallait attendre d'avoir des preuves pour agir. Il fallait attendre d'avoir un mandat de l'ONU. Et pire, j'estime qu'on fait le jeu des ennemis de la France, c'est-à-dire de Daech, l'État islamique, qui ont tué sur les trottoirs de Paris. Ce n'est pas Assad qui a tué sur les trottoirs de Paris, ce n'est pas la Russie, c'est Daech. Ce faisant, on s'attaque à ceux qui s'attaquaient à Daech. Je suis effaré par la position française et je regrette le temps où il y avait, à la tête de l'État, de la mesure. C'était Jacques Chirac, c'était Dominique de Villepin.

Que fallait-il faire si la France détient les preuves d'un recours aux armes chimiques ?

Il y a eu recours aux armes chimiques. Tout le monde est d'accord sur ce point. La difficulté, c'est que personne ne sait qui y a eu recours. On a eu l'exemple en 2014, des rapports l'ont confirmé, que lorsqu'on avait accusé Assad du recours aux armes chimiques, en fait, ce n'était pas lui ou il y avait de fortes probabilités -il n'y a jamais eu vraiment la preuve- que c'étaient des rebelles islamistes qui avaient utilisé du gaz pour accuser Assad. Ce qu'a dit très bien d'ailleurs Jean-Luc Mélenchon, et pourtant je ne suis pas d'accord avec lui sur beaucoup de sujets, à la tribune de l'Assemblée tout à l'heure : que c'est un nid de frelons, que nous sommes face à un concours d'atrocités de part et d'autre. Ce qui me révolte, c'est que la France s'engage sans être sûre des choses. Au même moment, c'est ça qui est insupportable, le président français recevait deux jours avant le prince d'Arabie saoudite et il y a des exactions abominables au Yémen. D'ailleurs le président en a convenu dimanche soir, mais il demande une conférence en Arabie saoudite. Il n'a pas bombardé. Alors, de grâce, on peut faire des concours d'indignation. Qu'est-ce qui est important ? C'est que, dans cette guerre civile, on apporte une solution de paix et d'équilibre et que l'on combatte l'État islamique (...)

Faut-il laisser "le cas Bachar Al-Assad" de côté, selon vous ?

Mais, nous ne sommes pas les gendarmes du monde ! La France ne décide pas qui doit rester ou pas. On l'a fait en Libye, on a vu le résultat. Vous savez, quand on croit faire le bien et qu'on alimente le mal, c'est ce qu'il s'est passé en Libye. Tout le monde voulait intervenir. J'étais l'un des rares à m'y opposer... On n'était pas nombreux. J'en ai pris plein la figure à l'époque et je ne regrette pas d'avoir eu ma position ferme. Encore une fois, il n'y pas le bien et le mal. Il y a des situations très complexes. Les exemples de l'Irak et de la Syrie exigent de la France de la mesure et pas de l'aventure.

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