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"Il y a véritablement un travail législatif qui est bâclé" estime André Chassaigne

André Chassaigne, député communiste du Puy-de-Dôme, était l'invité du "19h20 politique" mercredi sur franceinfo. Il est revenu sur le surmenage des députés à l'Assemblée nationale qui empêche selon lui un travail législatif efficace.

Article rédigé par franceinfo
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Photo d'illustration. André Chassaigne, député PCF du Puy-de-Dôme, le mercredi 6 juin sur franceinfo (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

La polémique enfle autour d'un supposé "surmenage" des députés qui dénoncent des journées à rallonge, et des travaux mal faits à l'Assemblée nationale. Un constat que partage André Chassaigne, député communiste du Puy-de-Dôme, qui estime que le travail législatif est "véritablement bâclé".

franceinfo : Est ce qu'il y a trop de projets de réforme? Est-ce que vous estimez aujourd'hui que le travail parlementaire est bâclé?

André Chassaigne : ça n'est pas une question de nombre de projets de réforme, mais juste que l'agenda est très mal fait. Nous allons par exemple passer plusieurs semaines avec un travail relativement allégé et d'un seul coup, nous avons des projets de loi qui s'accumulent, et on ne peut pas travailler sur le fond. Je pense que le gouvernement est responsable mais il y a aussi de la part du président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, un manque de volonté quand dans la conférence des présidents, il ne marque pas suffisamment son autorité par rapport notamment aux ministre chargé des relations avec le Parlement. Il faut à un certain moment taper du poing sur la table en disant qu'il faut que cela cesse.

Justement François de Rugy a critiqué lui-même le gouvernement mercredi matin sur franceinfo. On ne peut pas dire qu'il manque d'autorité...

Il sent que ça pousse derrière lui et que ça vient de tous les bancs de l'Assemblée. À partir de là, il commence à réagir. Nous n'avons pas encore terminé l'examen du texte sur le logement après avoir discuté celui sur l'agriculture, et nous avons déjà la semaine prochaine celui sur la formation professionnelle : tout ça se fait vite. Des députés ne peuvent même pas défendre leurs amendements, ou alors en quelques secondes. Il y a véritablement un travail législatif qui est bâclé.

Est-ce que ces interrogations sur le travail parlementaire ne préparent pas les esprits à la prochaine réforme constitutionnelle qui viendra d'ailleurs en débat à l'Assemblée début juillet?

Bien évidemment ! On essaie de faire la démonstration que le travail de parlementaire est lourd, qu'il y a des débats inutiles, qu'il y a trop d'amendements, que ça ne se passe pas très bien... Avec notre groupe, nous avons déposé environ 400 amendements, mais ce sont des textes travaillés, réfléchis, et certains ont été adoptés. C'est une chose qui s'appuie sur du fond. Ce n'est pas pour s'amuser qu'on les présente.

Demain, la SCNF démarre une 14e séquence de grève. C'est un mouvement que vous soutenez, mais est-ce que ce n'est pas prendre un risque trop important vis à vis des candidats au bac ?

C'est aux organisations syndicales de décider ce qu'elles font. Je constate d'abord qu'il y a toujours un front uni des organisations syndicales. Mais ce n'est pas à moi de venir leur dire de ne pas faire grève le 18 juin car c'est le début du bac. Je pense qu'il y a une maturité dans le mouvement syndical qui fait que c'est à eux de décider quelle sera leur action.

Le Parti communiste est le premier à avoir désigné son chef de file pour les élections européennes de 2019 : Ian Brossat. Est-ce que ça veut dire que le Parti communiste va aller seul à ces élections ?

J'ai suffisamment regretté que l'on soit resté immobile pendant les élections présidentielles. Aujourd'hui, nous avons désigné un chef de file, nous nous mettons en ordre de marche pour les élections européennes, avec une volonté d'ouverture à d'autres personnalités, mais sur des orientations que l'on va partager. Quant à un rapprochement avec La France insoumise, c'est mal engagé. Pour le moment, pensons à développer nos idées, essayons d'être présents dans le paysage politique, et arrêtons cette politique d'effacement que nous avons eu depuis plusieurs années. Je crois que le plus important est de percer le mur pour faire connaître nos propositions. Nous ne sommes pas enfermés d'un côté dans une position identitaire, de repli sur l'Europe, et nous ne sommes pas non plus pour une Europe basée sur la compétitivité et la concurrence. Nous avons des propositions à faire. Que nous y allions seuls? C'est possible...

Plus d'un an après l'élection présidentielle, on voit quand même que la gauche est toujours "façon puzzle". Vous n'arrivez pas à décider d'une suite des dernières manifestations... 

C'est compliqué. Il faut dire qu'Emmanuel Macron est fortiche. Il arrive à maintenir vaille que vaille une forme de soutien de la population, mais je pense que ça ne durera pas longtemps. Plus on avance, plus on prend conscience que sa politique est désastreuse, avec des conséquences terribles notamment pour les plus modestes. Et je ne doute pas que petit à petit, on va construire une opposition sur la base d'une gauche de combat qui pourra un jour ébranler ce pouvoir extrêmement libéral.

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