Philippe El Shennawy, 37 ans de prison, et une "demi-grâce présidentielle"
En 1991, il bénéficie d'une libération conditionnelle. Il
n'a pas droit de se rendre à Paris. Il y va quand même, pour voir son fils. Il
est donc réincarcéré. Il n'en peut plus. Deux fois, Philippe El Shennawy
s'évade. Il commet d'autres braquages. A chaque fois, il est arrêté, remis en
prison. Il repasse devant les juges. Il se retrouve condamné jusqu'en 2032.
S'il effectue toute sa peine, il sortira à l'âge de 78 ans. Il aura passé 54
ans derrière les barreaux.
La reconstruction en prison
Cette perspective le désespère, car, en prison, Philippe El
Shennawy s'est construit. Il s'est marié avec Martine, une amie d'enfance. Il a
passé des diplômes de droit, d'histoire, d'informatique. Il a même une promesse
d'embauche. S'il est libéré, il aura un emploi.
Il s'acharne. Sans relâche, il demande une nouvelle
libération conditionnelle, sans résultat. L'été dernier, il entame une grève de
la faim. Pendant plus d'un mois, il cesse de manger. Au mois de décembre, il
tente de suicider. A l'époque, dans le Journal du dimanche , il parle d'un
"cri de révolte", de "torture mentale et physique". Selon
lui, la "logique judiciaire ne tient aucun compte de l'humain ".
Plusieurs personnalités s'engagent en sa faveur...
Des
avocats, des écrivains, des philosophes signent une pétition : Henri Leclerc, Yasmina Reza, Lilian Thuram, Tzvetan Todorov et demandent que le
condamné soit gracié. Ils soulignent que "Philippe El Shennawy n'a pas de
sang sur les mains, qu'il a vécu dix-neuf ans en isolement, six ans en hôpital
psychiatrique (...) et qu'il a changé quarante fois de lieu de détention ".
...et d'autres s'y opposent
Une autre pétition
voit le jour, mais dans le sens inverse. L'institut pour la justice, une
association qui affirme défendre les victimes, lance un appel pour empêcher la
libération de Philippe El Shennawy. Elle souhaite que le détenu reste en
prison. Elle estime qu'il est dangereux.
François Hollande a tranché
L'information
n'est pas encore officielle. Selon France Inter, et notre confrère
Jean-Philippe Deniau,
le chef de l'Etat a refusé d'accorder la grâce présidentielle à Philippe El
Shennawy. Mais il accomplit quand même un geste. Il relève sa peine de sûreté.
Cela signifie que le condamné va pouvoir déposer une nouvelle demande de
libération conditionnelle. On peut donc parler d'une "demi-grâce
présidentielle". L'affaire n'est pas terminée.
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