La rencontre télévisée entre le baron Edouard-Jean Empain et son ravisseur
"On est quitte". C'est le baron Edouard-Jean Empain qui parle dans le Parisien ce matin. L'homme d'affaires belge installé en France a vécu 63 jours de captivité, début 1978. On l'a ligoté, enfermé, amputé d'une phalange au petit doigt de la main gauche, et pourtant, dit-il, "le plus dur, ça a été le retour ". On connait l'histoire, lorsque le baron Empain est relâché, le 26 mars 1978, il découvre que la presse a décortiqué sa vie privée, le poker, les maitresses, l'hypothèse qu'il ait pu organiser lui-même son propre enlèvement. Il a perdu ses sociétés, son couple, sa vie de famille, mais au final, le baron Empain n'est pas loin de remercier ses ravisseurs pour lui avoir permis d'ouvrir les yeux sur sa vie "d'avant".
Le ravisseur, lui, s'appelle Alain Caillol. Il a 70 ans, dont onze années de prison pour l'enlèvement du baron Empain. Il a déjà raconté son histoire dans un livre, en parlant d'un syndrome de Stockholm à l'envers : "Il nous a dominé moralement ", dit-il à propos du baron Empain, "nous avons découvert un homme exceptionnel par son courage ". Avec ses complices, il avait demandé une rançon collossale, 80 millions de francs, mais il savait, dit-il, qu'il n'aurait rien, et il n'arrivait pas à se décider à tuer. Finalement lorsqu'il se fait prendre par la police, il a déjà ordonné la libération du baron, cet homme avec qui il échangera une poignée de main, 30 ans plus tard. "Ca s'est bien passé, explique l'ancien ravisseur, il m'a tutoyé d'entrée, moi je n'y arrivais pas ".
Aujourd'hui, le baron Edouard-Jean Empain dit que ce qui lui est arrivé le hante encore. Mais il ne lui appartient pas de se venger contre "Monsieur" Caillol, c'est ainsi qu'il l'appelle. La rencontre de ce soir est peut-être, dit-il, une façon de tourner la page, 34 ans après.
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