La chute du "Chinois", une figure du milieu marseillais
Son surnom, c'est "le Chinois", mais certains l'appellent aussi "le grand manitou", "l'ami" et même "Tong", un surnom qu'il déteste. Raymond Mihière est Marseillais. Son père est Corse, sa mère asiatique. Depuis des années, il est considéré comme un des principaux parrains de la ville. D'après un avocat, Mihière occupe "la huitième place dans le classement des trafiquants marseillais". Il serait le successeur de Francis Le Belge. Selon un policier, cité par l'Agence France presse, l'homme est "redoutable et déterminé, entouré de soldats à sa dévotion". A 61 ans, le Chinois concentre tous les clichés qui entourent les caïds.
Il commence sa carrière dans les années 1970, dans le sillage de Gaëtan Zampa, un grand délinquant. Les enquêteurs le repèrent rapidement dans le milieu de la nuit, et dans celui des machines à sous. Au début des années 1980, il est jugé pour extorsion de fond. A l'époque, il aurait déclaré : "C'est un travail de voyou, pas de cave. Je suis le Chinois de Marseille, et mes associés sont de grosses pointures". Raymond Mihière est condamné, ce qui dans son parcours est exceptionnel. La plupart du temps, quand il est arrêté, il est relaxé. A quatre reprises, la justice doit le laisser libre. Par exemple, en 1999, après l'assassinat d'un patron de bar. Il est poursuivi pour association de malfaiteurs. Chez une connaissance de Mihière, les policiers ont découvert des pistolets-mitrailleurs, des lance-roquettes, des armes de poing, et 180 kilos de cannabis. Pourtant, le Chinois est libéré, faute de preuves.
Il investit au Cameroun, toujours dans les machines à sous. En 2001, il est arrêté dans une affaire de drogue. Lors d'un nouveau procès, en 2004, il continue à nier toute implication. Dans des écoutes téléphoniques, les enquêteurs ont entendu qu'il était présenté comme "le chef de chantier". A la barre, à l'époque, il se justifie : "c'est parce que je comptais reprendre une affaire dont j'ai oublié le nom et où je savais qu'il y aurait des travaux de rénovation à réaliser". Il est condamné à neuf ans de prison ferme.
Une fois libéré, le Chinois s'installe en Catalogne. Il investit dans une société d'olives et de savons. Un commerce tout à fait légal. Une vitrine, selon les policiers. Raymond Mihière a été arrêté lundi, en Eure-et-Loire, chez un autre figure du milieu marseillais, Ange Buresi. Neuf autres personnes ont été interpellées. C'est une grosse affaire de trafic de cocaïne. Les enquêteurs pensent que cette fois, ils ont bel et bien "coincé" le Chinois.
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