Il y pense tout le temps.Sans arrêt, il cherche un moyen de s'enfuir. Le 15 février 2009, à la prison deMoulins-Yzeure, dans l'Allier, Christophe Khider tente le tout pour le tout. Ilest 16 heures. Avec un complice, le détenu fait exploser deux portes. Il tireplusieurs coups de feu. Il prend deux surveillants en otage. Il les menace. Ilse fait ouvrir la porte de la prison. Il s'enfuit. Mois de deux jours après, ilest repris. Il a l'habitude. Combien de fois s'est-il évadé ? Quatre fois, etmême sept fois selon l'administration pénitentiaire.Dans Le Monde, Simon Pielfait le portrait de Christophe Khider. Officiellement, Khider est un DPS, un"détenu particulièrement surveillé". Mais en réalité, il est plutôtun DPH, un détenu particulièrement habile. A chaque fois, il trouve un moyen des'évader. Sa peine la plus lourde date de 1999. Il est condamné pour meurtre :trente ans de prison, pour le meurtre d'un automobiliste après un braquage.Depuis ce procès, il compte les jours : "Trente ans, quarante ans,cinquante ans, soixante ans, je ne suis pas une tortue des Galapagos, je n'aipas une espérance de vie de 150 ans...". Il cogite. Il prépare des plans.En 2001, Christophe Khidercommet son évasion la plus spectaculaire. C'est une affaire de famille. Sonfrère, Cyril, braque un hélicoptère et son pilote. Il positionne l'appareilau-dessus de la cour de promenade. Il lance un filin, trop court. Le détenu neréussit pas à l'attraper. L'opération échoue. Christophe Khider est recondamné.Son frère également. Leur mère les soutient. Elle publie même un livre :"Fraternité à perpète".Le détenu a raté son coup,mais il continue à chercher une issue. Il noue des complicités. Dans la prison,mais aussi à l'extérieur. Dans Le Monde, Simon Piel raconte que pour l'évasionde Moulins, deux femmes jouent un rôle déterminant. D'abord la compagne ducondamné. Elle lui fournit l'arme, les munitions, les détonateurs et lesexplosifs. Ensuite, la concubine d'un autre détenu. Pour faire entrer lematériel, elle trouve une astuce. Depuis une intervention chirurgicale, elle ades broches métalliques dans le dos. Un certificat médical l'atteste. Si ellefait sonner le détecteur de métaux, personne ne s'inquiète. Elle enprofite.C'est pour cette opérationque Christophe Khider et ses complices sont jugés à partir d'aujourd'hui. Ledétenu a maintenant 41 ans. Il est libérable le 28 janvier 2037. Il veutsortir. Le Monde rapporte une confidence qu'il a faite au juge, avec franchise: "Je dois vous dire qu'une partie de mon temps est occupée à la recherched'une solution pour m'évader ".