Il est 11h18, mardi, quandWendy Davis monte à la tribune. A 50 ans, la sénatrice démocrate va livrer uncombat qui lui tient à coeur : Elle veut empêcher l'adoption d'une loi quirestreint l'avortement. Pour y arriver, elle va se livrer au "filibuster",elle va faire de l'obstruction. C'est un grand classique de la vieparlementaire. Wendy Davis va parler le plus longtemps possible. Elle va défierles autorités du Texas, cet Etat très conservateur.Sur le site du Figaro,Roland Gauron explique que pour faire de l'obstruction, il faut respecterquelques règles. L'élue n'a droit a aucune pause. Elle doit rester debout. Ellene peut pas s'appuyer sur le pupitre qui est devant elle et bien sûr, elle nepeut recevoir aucune aide extérieure. Quand elle enfreint une de ces règles,elle reçoit un avertissement. Au bout de trois avertissements, elle est obligéede se taire.Wendy Davis débute donc sondiscours. Le micro à la main, des baskets au pied, elle défend le droit àl'avortement. La loi qui est examinée limite l'interruption volontaire degrossesse à une période de vingt semaines après la conception, au lieu de vingtquatre aujourd'hui. Et surtout, le texte prévoit la fermeture de 37 centres IVGdans l'état du Texas - 37 sur 42.La sénatrice le refuse. Elleexplique pourquoi, patiemment. Quand elle montre un signe de faiblesse, un deses collègues lui propose un corset pour soulager son dos. C'est interdit ;l'élue démocrate reçoit donc un avertissement. Elle continue à parler. Leschaînes d'information la suivent heure par heure. Les réseaux sociauxs'enflamment. Même Barack Obama finit par tweeter. Il écrit : "quelquechose de fort se déroule ce soir à Austin".Au bout de onze heures,Wendy Davis est interrompue. Le vice-gouverneur estime que l'oratrice s'estécartée du sujet. C'est le troisième avertissement. La tension est à soncomble. Des spectateurs protestent. Ils sont évacués. Finalement, Wendy Davisse tait et les parlementaires passent au vote. Le texte est adopté, à mainlevée : 19 voix contre 10. La sénatrice pense qu'elle a perdu.Pourtant, quelques minutesaprès, l'espoir revient, pour une simple raison de procédure. Roland Gauronl'explique sur le site du Figaro. Les sénateurs se demandent si le vote a eulieu juste avant minuit ou juste après. Et ça change tout, car à minuit,c'était la fin officielle de la session parlementaire. Après une heure dedicussion, dans le doute, le vote est annulé. Wendy Davis a gagné.Cette victoire est provisoire.Le texte reviendra en séance. Il sera sans doute adopté. Mais la sénatricedémocrate a fait partager son combat a tous les Etats-Unis. En quelques heures,en onze heures exactement, elle est devenue un visage de la politiqueaméricaine.