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Quatre mois après avoir été blessé par un gang armé, le journaliste haïtien Roberson Alphonse reprend la plume

Le 25 octobre 2022, le journaliste de 47 ans a été victime d'une fusillade alors qu'il se rendait en voiture au travail.
Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le journaliste haïtien Roberson Alphonse (TWITTER / LE NOUVELLISTE)

Il est l’une des grandes plumes du quotidien Le Nouvelliste et animateur d’une émission de radio très écoutée sur la chaine Magik9. C'est justement là que se rendait Roberson Alphonse, comme tous les jours en voiture, lorsque tout s’est arrêté. C’était le 25 octobre 2022, le journaliste de 47 ans, a vu les armes automatiques pointées en direction de son pare-brise puis soudain a encaissé les détonations, la voiture criblée de balles et une douleur violente dans tout le corps. Immédiatement, une passante lui est venue en aide, elle lui a fait un garrot de fortune et a appelé les secours qui l’ont emmené à l’hôpital.

Quatre mois plus tard, il doit encore subir plusieurs opérations pour extraire les fragments de projectile qu’il a dans le bras, "mais ça va, dit-il à franceinfo, j’ai survécu et maintenant je dois avancer pour bien montrer aux assassins que, non, ils ne m’ont pas réduit au silence, que je continuerai à faire mon métier, c’est à dire à porter la voix des victimes de violences, c’est pour ça que j’ai décidé de reprendre la plume et le micro'.

Roberson Alphonse en lice pour remporter le prix mondial de la liberté de la presse

Pour Roberson Alphonse, il faut continuer à raconter ce qui se passe en ce moment en Haïti, république à la dérive dont la population subit la loi des gangs armés, des barrages sur les routes pour racketter, des enlèvements, des demandes de rançons astronomiques, des pillages, des viols collectifs ou encore des morts. D’après le dernier rapport de l’ONU sur l’état des droits humains en Haïti, rien que ces six derniers mois, et rien que dans le quartier populaire de Cité Soleil à Port au Prince, plus de 260 personnes ont été tuées, abattues pour ne pas avoir coopéré avec tel ou tel gang.

Les envoyés spéciaux de l’ONU ont demandé à plusieurs reprises le déploiement d’une force internationale d’urgence pour aider les policiers débordés mais en attendant, les Haïtiens sont seuls. Et ce qu’il reste dans une telle situation, ce sont les journalistes, toutes celles et ceux qui continuent à raconter ce qui se passe, parce que sinon, comme le dit Roberson Alphonse, "le sang s’abreuve du silence". Le journaliste est en lice pour remporter le prix Guillermo Cano de la liberté de la presse qui sera décerné le 2 mai 2023 par l’UNESCO, un prix qui représenterait un symbole fort, pas juste pour lui, mais pour tous ceux dont il porte la voix, les démunis, les humbles, les familles endeuillées, "et plus particulièrement les enfants, pour leurs rêves qui nous obligent".

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