Musique : le pianiste et chef d’orchestre engagé Daniel Barenboïm se met en retrait de la scène pour lutter contre la maladie
Il l’a annoncé sur les réseaux sociaux mardi 4 octobre : une maladie neurologique l’oblige à annuler tous ses concerts pour les mois qui viennent. Un retrait de la scène qui met en pause la carrière d’un musicien, mais aussi un citoyen engagé.
Il est l’homme au quatre passeport, argentin, israélien, espagnol, et même palestinien. Daniel Barenboim, 79 ans, à la fois immense pianiste et chef d’orchestre a annoncé mardi 4 octobre, qu’à bientôt 80 ans, il décidait de se mettre en retrait de la scène, et renonçait à tous ses engagements pour les mois qui viennent pour lutter contre une maladie neurologique. "C’est dans un mélange de fierté et de tristesse que je vous annonce faire un pas de côté, écrit-il sur les réseaux sociaux, ma santé s’est détériorée ces derniers mois et l’on m’a diagnostiqué une maladie neurologique sévère. Je dois désormais me concentrer sur mon bien-être physique autant que possible".
Il est né en 1942 à Buenos Aires, en Argentine, dans une famille juive qui a fui l’antisémitisme européen au début du siècle, un évènement lié à la violence de l’histoire qui va marquer sa vie. Après la fin de la guerre, en 1952, ses parents décident de partir s’installer en Israël, et c’est donc là-bas qu’il fera ses gammes, puis ses premiers concerts, avant de se lancer dans une carrière qui lui fera faire plusieurs fois le tour du monde. Au début, il fait simplement de la musique. Mais très vite, choqué par la guerre des six jours et celle du Kippour, il décide de s’exprimer, s’engager. Il dit qu’il ne peut pas faire autrement. "L’art pour l’art n’existe pas, a-t-il confié au Monde, personne dans la vie n’est neutre, sûrement pas les artistes."
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Daniel Barenboïm pense que l’émancipation passe par la culture et l’éducation. Alors il a toujours essayé de créer des ponts. Il est allé jouer en Allemagne en 1963 quand sa famille meurtrie par la Shoah pensait qu’il ne fallait pas. En 1989, lors de la chute du mur de Berlin il a joué pour les allemands de l’Est. Et en 1999, il a créé un orchestre fraternel, l’orchestre du West-Eastern Divan, accueillant des musiciens Israéliens, Palestiniens, Cisjordaniens, Iraniens, Libanais ou encore Égyptiens. Orchestre qui a pu jouer partout sauf chez lui en Israël. En 2005, lui et ses musiciens ont dû utiliser des passeports diplomatiques espagnols pour passer la frontière et jouer clandestinement à Ramallah.
Daniel Barenboïm dit que ce n’est pas la musique, mais bien la justice qui apportera la paix. Mais il pense que la politique devrait s’inspirer des orchestres, où aucun musicien ne souhaite de fausse note à son voisin mais écoute, cherche l’accord et l’harmonie, seule voie pour construire ensemble. C’est cet homme-là qui se retire de la scène, mais qui ne veut pas que l’on s’inquiète pour lui, "que je regarde derrière moi ou devant, je ne suis pas juste satisfait, je suis comblé."
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