Htar Htet Htet, l’ancienne reine de beauté Birmane qui annonce prendre les armes pour se battre contre la junte militaire
Sa déclaration sur Facebook et sa photo, fusil d’assaut en main en pleine forêt, lui valent depuis quelques jours remerciements et encouragements. Cent jours après le coup d’état perpétré par l’armée, l’ancienne miss appelle les jeunes à riposter.
Son histoire est partout dans les journaux du sud-est asiatique : on parle de celle "qui a troqué ses talons aiguilles pour des rangers", "comment est-elle passée des robes au fusil mitrailleur ?" Des raccourcis qui peuvent paraître faciles, mais à voir le compte Facebook de Htar Htet Htet, le contraste est bien réel. Avant de prendre les armes, sa vie était un enchainement de podiums, de gala, de concours de beauté. Elle a même représenté son pays, la Birmanie, au concours Miss Grand International en Thaïlande en 2013.
The revolution is not an apple that falls when it is ripe. You have to make it fall. (Che Guevara)
— Htar Htet Htet (@HtarHtetHtet2) May 11, 2021
We must Win pic.twitter.com/iHEDhF314p
C’est ce que l’on voit sur ses comptes sur les réseaux sociaux. Ou plutôt "c’est ce que l’on voyait". Parce que depuis le coup d’état militaire du 1er février, le fil d'actualité de Htar Htet Htet n'est plus qu’un long compte-rendu quotidien des exactions de l’armée, pour les dénoncer, pour interpeller les pays voisins, l’ONU, tout le monde, pour tenter désespérément d’attirer l’attention sur ce qu’il se passe là-bas, depuis trois mois, depuis cent jours. 800 morts, 3000 personnes arrêtées, 500 000 déplacées, une communication internet brouillée ou empêchée avec l’extérieur, mais aussi des manifestations quasi-quotidiennes de jeunes Birmans, lycéens, étudiants, travailleurs, qui ne veulent pas se faire voler leur avenir. C’est à eux que s’adresse Htar Htet Htet dans un long message sur Facebook, où elle révèle que cela fait un mois et onze jours qu’elle a pris le maquis.
Que vous ayez une arme, un stylo, un clavier d’ordinateur ou que vous soyez en mesure de donner de l’argent au mouvement pro-démocratie, chacun doit faire sa part pour que la révolution réussisse. Le temps est venu de riposter.
Htar Htet Htet, ancienne miss en Birmaniesur Facebook
Elle est partie dans la forêt rejoindre d’autres jeunes, pour se former au combat, apprendre le maniement des armes, pouvoir riposter. Sur la photo, elle pose sans maquillage, en treillis et t-shirt noir avec un fusil AK 47 : "Que vous ayez une arme, un stylo, un clavier d’ordinateur ou que vous soyez en mesure de donner de l’argent au mouvement pro-démocratie, chacun doit faire sa part pour que la révolution réussisse. Le temps est venu de riposter." Elle ajoute qu’elle est prête à tous les sacrifices, y compris celui de sa vie. Résultat : des centaines de milliers de likes, des partages, et surtout des remerciements, des encouragements. Parce que ce n’est pas juste un énième tweet pour dire "n’oubliez pas la Birmanie". Voir une ancienne miss avec un fusil d’assaut, ça interpelle. Et ça fait que l’on reparle de la répression en Birmanie, d’où la question : sans elle, l’aurait-on fait ?
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