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Avec son œuvre "Plastic Tap", Ben von Wong interpelle les dirigeants présents au Sommet mondial contre la pollution plastique

Faite entièrement avec des déchets plastiques, cette œuvre monumentale trône à l’entrée du Sommet mondial contre la pollution plastique qui se tient à Nairobi au Kenya jusqu’au 2 mars. Objectif : montrer l’urgence et surtout la solution, fermer le robinet.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'oeuvre d'art Plastic tap (le robinet de plastique) du Canadien Benjamin von Wong installé à l’entrée du Sommet mondial contre la pollution plastique à Nairobi au Kenya le 22 février 2022. (TONY KARUMBA / AFP)

C’est un artiste qui dédie tout son travail au plastique, pour nous le montrer, nous donner à voir cette matière omniprésente dans notre quotidien. Ben von Wong, 35 ans, est Canadien. Il ne fabrique ses sculptures qu’à partir de plastique usagé, et si l’on parle de lui aujourd’hui c’est parce que son œuvre majeure, Plastic Tap ("le robinet à plastique"), trône à l’entrée du Sommet mondial contre la pollution plastique qui rassemble en ce moment 193 nations, sous l’égide de l’ONU, à Nairobi au Kenya. Visiteurs et intervenants sont donc accueillis par cette immense robinet qui crache à plusieurs mètres du sol une cascade de bouteilles, pot de crème glacée, tube de dentifrice, emballages divers, qui se déversent en une grande flaque, suggérant qu’il suffirait pour régler le problème de "fermer le robinet".

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L’expression a été reprise mot pour mot par celle qui préside le Sommet mondial sur la pollution plastique, Inger Andersen, la directrice du programme de l’ONU pour l’environnement, qui appelle les dirigeants mondiaux à "fermer le robinet". Et il y a urgence. D’après l’OCDE, 91% de ces déchets échappent à tout recyclage et surtout, la production de plastique a quadruplé ces trente dernières années pour atteindre 460 millions de tonnes par an. Des millions de tonnes qui ne disparaissent pas et dont la persistance est devenue l’obsession numéro un de Ben von Wong. "D’abord, explique l’artiste au magazine Picture This, j’ai découvert qu’un continent de plastique flottait dans le Pacifique. Je me suis renseigné, j’ai accumulé des montagnes d’informations terrifiantes, et évidemment, une fois qu’on commence à voir, on ne peut plus faire comme si on ne savait pas."

Un traité international pour freiner la production plastique en voie d'être ratifié

Lui qui, jusqu’ici, faisait de la photo sans but précis a donc décidé d’utiliser son talent pour sensibiliser, interpeller, choquer. Il a d’abord réalisé une œuvre monumentale avec des pailles ramassée sur des plages, 168 030 pailles formant une immense vague. Puis, il a construit une penderie géante avec 3 000 vêtements pour dénoncer la mode jetable. "Mais tous ces projets, dit-il, ne traitaient que de l’impact individuel, pas de la cause profonde du problème, la source qui est la production de plastique."

Il a donc fabriqué son robinet à plastique et est passé à un autre niveau, exposant à Montréal, Paris, et aujourd’hui, à Nairobi, à quelques kilomètres d’une des plus grandes décharges du monde. Ben von Wong espère désormais que ce Sommet donne naissance au premier traité limitant la production de plastique. Et, bonne nouvelle, c’est en bonne voie.

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