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Aux Maldives, la plongeuse Aminath Zuna veut inciter les femmes de l’archipel à se jeter à l’eau et apprendre à nager

À 16 ans, 10% seulement des filles de l'archipel savent nager. Un chiffre qui a incité Aminath Zuna à fonder une école de natation et lancer le programme "Ocean Women" pour casser les stéréotypes qui veulent que la nage soit une activité dangereuse réservée aux garçons.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Trois femmes face à la plage artificielle de Malé aux Maldives. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

En plein océan Indien, les Maldives comptent plus d’un millier d’iles, un pays dont le territoire est composé de 99% d’eau mais dont seule une petite partie des habitants sait nager, et principalement les hommes. Parce que les chiffres le disent : à 16 ans, 10% seulement des filles des Maldives savent nager. Une statistique qui a poussé Aminath Zuna, passionnée de plongée, à créer son école de natation, avec des formations spécialement destinée aux adolescentes, et aux femmes en général, pour faire tomber cette barrière qui veut que nager soit, dit-elle, "une activité de garçon, dangereuse, et définitivement pas faite pour les filles".

>> Maldives : l’archipel pourrait disparaître d’ici 2100

Elle explique qu’il y a aussi l’idée ancrée dans la société que les filles ne doivent pas montrer leur corps, de ne pas attirer les regards, et puis se préserver physiquement, des ravages du sel, du soleil qui tanne la peau... Pour contrecarrer tous ces stéréotypes, avec une autre nageuse, Flossy Barraud, Aminath Zuna a lancé le programme "Ocean Women", qu’elle co-dirige et elle détaille dans le quotidien britannique The Guardian pourquoi c’est bien plus qu'une affaire d'égalité femme - homme.

À commencer par l’évidence : sur un chapelet d’îles comme les Maldives, où la population vit à un mètre seulement au-dessus du niveau de la mer, savoir nager est un impératif de survie. Ça l’est d’autant plus avec la multiplication des épisodes de pluies intenses, les inondations et l'inéluctable montée de l’océan qui, si rien n’est fait d’ici là, engloutira le pays en 2100.

Protéger le patrimoine océanique

Il y a la survie donc, nager pour ne pas périr, et puis il y a nager pour voir, pour connaître son patrimoine, tout ce qui se trouve en dessous de la surface, ce monde immense, foisonnant de vie, de poissons, de coraux, ces merveilles qui attirent chaque année des milliers de touristes et que l’immense majorité des femmes de l’archipel n’ont jamais vu. D’où la démarche d’Aminath Zuna d’aider toutes celles qui le souhaitent à vaincre leurs peurs, à mettre un masque et plonger.

C’est ce que son père lui a appris dès son plus jeune âge, nager, gérer sa respiration, maîtriser cet élément. Elle a tellement aimé qu’elle a ensuite formé ses cousins, puis ses enfants, et désormais ses élèves. "Parce que dans la vie, dit-elle, on ne protège que ce qu’on aime, et pour aimer, il faut connaître", comme ce récif pour le défendre de la pollution, de la surpêche, de la sur-fréquentation touristique et tenter de préserver ce patrimoine en danger.

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