Athlétisme : aux Jeux d'Asie du Sud-Est, la Cambodgienne Bou Samnang fini dernière du 5 000 m sous l’orage et devient un symbole de persévérance
Depuis une semaine, la vidéo de sa performance est reprise partout sur les réseaux sociaux, lui valant des milliers de messages de félicitations, dont un du roi du Cambodge lui-même. Elle explique avoir voulu "montrer qu’on atteint toujours sa destination", même lentement.
C’était le 8 mai aux Jeux d'Asie du Sud-Est qui se tenaient à Phonm Penh, au Cambodge. La coureuse de fond cambodgienne, Bou Samnang, est arrivée dernière de l’épreuve du 5 000 mètres, une contre-performance qui lui vaut pourtant d’être encensée pour sa ténacité, alors que rien ne l’obligeait à continuer de courir.
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Rien ne l’obligeait, d’abord parce qu’elle était malade, très faible, car fortement anémiée. Et puis parce que son entraîneur lui-même lui a déconseillé de prendre le départ. Mais voilà, ça se passait au Cambodge, et elle était la seule Cambodgienne à pouvoir prendre le départ. Alors, elle n’a pas voulu renoncer.
Des trombes d’eau sur le stade
Elle s’est alignée, s’est élancée et, au bout d’un kilomètre, a commencé à faiblir, laissant les autres partir de plus en plus loin devant. Au bout de 17 minutes, la Vietnamienne Thi Oanh Nguyen a franchi la ligne d’arrivée, suivie de près par toutes les concurrentes. Toutes, sauf Bou Samnang, tellement loin que les autres ont eu le temps de saluer le public, de parader avec leurs drapeaux devant les photographes, et surtout de voir arriver un orage soudain et totalement dantesque.
En quelques secondes, des trombes d’eau se sont abattues sur le stade, inondant complètement la piste, piste sur laquelle Samnang a continué de courir, seule, silhouette spectrale dans ce lourd rideau de pluie, lente, grimaçante de douleur, les chaussures pataugeant dans trois centimètres d’eau.
Dans la vie, que l’on aille vite ou lentement, on peut atteindre sa destination quoi qu’il arrive, donc n’abandonnons pas, essayons toujours de faire de notre mieux.
Bou SamnangCoureuse de fond cambodgienne
Elle a continué, jusqu’à passer avec six minutes de retard la ligne d’arrivée, en pleurs, mais sous les applaudissements de tout le stade. Parfois, il y a des moments-clés, où tout ce qu’on a traversé avant, pendant des années, prend son sens dans un espace-temps très réduit de quelques minutes. Bou Samnang explique avoir repensé à son enfance, aux séances d’athlétisme à l’école, quand elle courait sur de la terre battue et n’avait qu’une seule paire de chaussures. Elle a pensé à son père mort il y a peu, et puis elle a pensé à l’histoire du Cambodge, son pays.
Autant de choses qui lui ont permis de tenir et de devenir, malgré elle, une icône locale, recevant des félicitations de toute part, jusqu’à celles du roi du Cambodge lui-même. Elle a vingt ans et promet "de faire mieux à l’avenir", autrement dit de gagner. "Mais j’ai voulu montrer aux gens, confie-t-elle à l’AFP, que, dans la vie, que l’on aille vite ou lentement, on peut atteindre sa destination quoi qu’il arrive, donc n’abandonnons pas, essayons toujours de faire de notre mieux."
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