À Hawaï, trois chercheurs démontrent l’efficacité des zones marines protégées pour les populations de poissons et pour les pêcheurs
Leur étude démontre que, quelques années après l’agrandissement de la plus grande aire marine protégée du monde, les populations de thons se reconstituent au point de sortir de la réserve et de pouvoir être pêchées dans les eaux autorisées.
L’étude vient d’être publiée dans la revue Science. Pour étudier l’état des populations de poissons à Hawaï, trois scientifiques américains, Sarah Medoff, biologiste, John Lynham, économiste de l’environnement et Jennifer Raynor, écologue, ont mesuré ce que remontaient dans leurs filets les centaines de bateaux de pêche de l’archipel hawaïen. Ils l’ont fait de 2010 à 2019 et leur conclusion démontre que les réserves marines, des zones sans pèche, totalement protégées, sont bel et bien efficaces et permettent de redonner vie à des écosystèmes marins qui étaient en train d’étouffer.
À Hawaï, l’archipel américain au milieu du Pacifique connu pour être une grosse zone de pêche internationale, c’est ce qu’il se passait avant 2016, avant que Barack Obama, à la fin de son deuxième mandat, ne décide de multiplier par quatre la taille de la réserve marine locale pour en faire la plus grande du monde. Le Monument National Marin de Papahanaumokuakea fait 1,5 millions de kilomètres carrés, la taille de la Mongolie, et abrite une faune féérique, des tortues vertes, des phoques, mais surtout des milliers d’espèces de poissons, notamment des thons qui, face à la surpêche, avaient fini par se raréfier.
"Plus on se rapproche de l’aire, plus il y a de poissons, c’est exactement l’effet espéré lors de la création de cette aire."
John Lynham, économiste de l'environnement et co-auteur de l'étudeau magazine National Geographic
Or, l’étude prouve que depuis la création de l’aire marine protégée, les pêcheurs ramènent plus de thons au port. Une bonne dizaine de plus par bateau et par an. L’explication est la suivante : en créant des zones interdites à la pèche, les poissons s’y multiplient, et ils le font au point de sortir de la zone de réserve, et donc de pouvoir être pêchés dans les eaux autorisées. Les taux de prise les plus élevées ont été enregistrés à la limite de l’aire marine. "Plus on se rapproche de l’aire, plus il y a de poissons, explique l’un des chercheurs John Lynham au magazine National Geographic, c’est exactement l’effet espéré lors de la création de cette aire."
Les chercheurs suggèrent de multiplier les études dans d'autres aires marines protégées pour confirmer ce mécanisme, mais leurs travaux donnent d'ores et déjà des arguments pour la création de nouveaux sanctuaires et pour l’agrandissement des zones protégées existantes. D’après l’ONU, il faudrait protéger 30% des zones maritimes pour permettre aux populations de poissons d’échapper à la voracité de la pêche industrielle, et ainsi garantir une pêche plus durable.
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