En patinage artistique, c’est un duo mythique, celui qui a décroché l’or olympique aux JO d’hiver de Sarajevo en 1984 avec la meilleure note jamais attribuée selon l’ancien barème en dance sur glace (le barème dit à : "6.0") : les britanniques Jayne Torvill et Christopher Dean. Près de quatre décennies plus tard, ils nous offrent un peu de grâce et de beauté, en l'occurence la même chorégraphie que celle exécutée à l’époque, sur l’air du Boléro de Maurice Ravel, mais bien loin d'une patinoire : sur un immense lac gelé, entouré de montagnes et de forêt, en Alaska."C’était un rêve d’enfance, raconte Christopher Dean au Daily Mail, quand j’étais petit, sur le mur du centre d’entrainement, il y avait cette image d’Epinal : des patineurs dansant sur fond de montagne enneigée, et cela faisait des années, que je voulais reproduire cette scène." Lui et Jayne Torvill, sa complice depuis 45 ans, sont donc partis en quête de l’endroit idéal. Une quête filmée qui donne le documentaire Dancing on Thin Ice, diffusé sur la chaine britannique ITV. Mais une quête longue et émaillée de déconvenues : partout où ils se rendent, glaciologues et guides locaux leur expliquent que les lacs ne gèlent plus, que la glace est trop fine, qu’elle fond avant de se solidifier. Autrement dit que l’image d’Epinal appartient bien au passé.C’est ainsi que ce qui devait être un petit film sur une performance artistique est devenu une enquête de 90 minutes sur la réalité du changement climatique : il fait chaud en Alaska, plus chaud qu’avant, et plus intensément. La température moyenne augmente là-bas deux fois plus vite qu’ailleurs sur la planète. Il n’empêche, à force de recherches, Jayne Torvill et Christopher Dean finissent par trouver le lac parfait, avec une couche de glace suffisamment épaisse pour supporter le poids de leurs deux corps virevoltants.Il fait -25¨°C. Tous deux s’échauffent rapidement puis s’élancent sur ce programme qu’ils maitrisent depuis 36 ans. Les enchainements, les figures, les portés sont impeccables. Le bleu de la glace est irréel, les patineurs semblent voler. C’est tout simplement envoutant, et c’est d’autant plus impressionnant que tous les deux ont 62 et 63 ans. En les regardant, bien sûr on pense au changement climatique, on se dit que c’est un peu l’orchestre du Titanic, mais que c’est aussi cette poésie, cette légèreté si utopique soit elle que l’on souhaite pour 2021, danser, tournoyer, vibrer tout simplement.