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L'empire des séries. L'espionnage en sept volets : "Le Prisonnier", ancêtre et déjà décalé

Chaque jour cet été, on refait la généalogie des séries. Cette semaine, les 7 séries d'espionnage qui ont changé le genre. En 1969, "Le Prisonnier" détourne déjà le genre et apporte une première dose de paranoïa.

Article rédigé par franceinfo - Laurent Valière
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'acteur Patrick McGoohan dans la série "Le Prisonnier". (DROITS RESERVES)

Un espion retenu contre son gré dans un village de vacances... Un agent secret britannique a démissionné. Il rentre chez lui en Lotus jaune décapotable mais est kidnappé. Il se réveille dans un village en bord de mer plutôt baroque avec son bouddha chinois. Une fanfare se balade dans les rues, les baigneurs s’amusent sur la plage. Le village à ciel ouvert devient sa prison. Impossible de s’évader : une boule blanche géante le récupère à chaque fois. Il passe son temps à être interrogé par un "numéro 2" qui change de visage à chaque épisode et veut lui extorquer des informations.

Un mélange de paranoïa, de science-fiction et d'espionnage

La série Le prisonnier est une série d’espionnage avant-gardiste qui creuse déjà le filon de la paranoïa. C’est l’idée de son acteur principal, Patrick McGoohan, révélé dans le rôle d’un espion de l’Otan dans Destination danger. Dans les années 60, les fictions d’espionnage sont à la mode.  Lui refuse un énième rôle – James Bond dans James Bond contre No – mais accepte la carte blanche que lui offre une chaîne britannique. Dans Le Prisonnier, il va détourner le genre. La série use en apparence des ficelles du roman d’espionnage. En pleine guerre froide, elle évoque un monde divisé en deux, l’Est et l’Ouest. Mais elle dénonce déjà la déshumanisation. La vidéo surveillance est partout, les gadgets pullulent, et annoncent notre monde moderne : téléphones sans fil, caméras de surveillance, ordinateurs surpuissants, cartes de crédit, etc.

La série s’inspire de la bureaucratie folle des romans de Kafka, et dévie vers la science-fiction, le drame psychologique, le fantastique. La mise en scène inventive et sobre plonge dans l’univers pop qui rappelle Londres dans les années 60, à l’époque où Chapeau Melon et Bottes de Cuir plaît au grand public. Dix-sept épisodes fascinants qui n’ont pas vieilli. Une série fantastique qui a inspiré de nombreux réalisateurs à commencer par David Lynch pour Twin Peaks mais aussi des séries d’espionnage qui parlent de paranoïa. Sa fin reste un modèle du genre, équivoque à souhait.    

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