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Violences urbaines : la gestion de la crise est-elle réussie ?

Après sept jours d'émeutes consécutives à la mort du jeune Nahel mardi à Nanterre, l'accalmie semble se confirmer.
Article rédigé par franceinfo - Agathe Lambret
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Emmanuel Macron s'adresse le 4 juillet 2023 aux maires des villes touchées par les violences urbaines après la mort de Nahel. (LUDOVIC MARIN / POOL)

Après sept nuits de tensions consécutives à la mort de Nahel, ce jeune de 17 ans tué par un tir de policier mardi lors d'un contrôle à Nanterre, l’accalmie se confirme mardi 4 juillet. La priorité affichée par le président ces derniers jours était simple : le retour à l’ordre.

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Face aux caméras d’abord, Emmanuel Macron a voulu renvoyer l’image d’un président qui maîtrise les événements : un ton martial et la mise en scène d'une succession de réunions de crises à l'Élysée. Et sur le terrain ensuite, 45 000 policiers et gendarmes déployés plusieurs jours de suite, encore lundi soir pour maintenir la pression. Pour l’instant, force est de constater qu'une accalmie se dessine, et que le recours à l'état d’urgence, aveu d’échec comme le confiait un ministre, a, à ce stade, été évité.

Mais cette crise révèle aussi des questions plus profondes sur lesquelles le président est toujours attendu. Il y au moins deux rendez-vous manqués avec la jeunesse de banlieue, d’abord, à qui le président avait promis de lutter contre l’assignation à résidence, lui qui avait annoncé sa candidature depuis Bobigny, en Seine-Saint-Denis, en 2016. Mais le plan banlieue n’a jamais vu le jour. Et ces jeunes qui sont dans la rue aujourd'hui, ce sont des enfants de l'école Macron, de l’école Blanquer, l’ancien ministre qui voulait rétablir l’autorité dans les établissements scolaires... Quant au ministre de l'Éducation actuel, Pap Ndiaye, il est inaudible. Il a même été débranché d’un plateau sur France Inter dimanche. L’éducation ne peut même pas être incarnée dans une crise qui concerne les jeunes, c’est dire le discrédit d’un ministre qui aurait pu lui aussi aujourd’hui être en première ligne.

Malgré les fractures, l'ordre prime

Autre rendez-vous manqué pour le président, la relation entre la police et la population. Emmanuel Macron avait pourtant nommé dès 2018 son bras gauche à Beauvau, Christophe Castaner, l’homme qui avait annoncé l’abandon de la clé d’étranglement. Quelques mois plus tard, dans une interview au média Brut, le président finissait même par admettre des "violences policières". Que s’est-il passé depuis ? Si Gérald Darmanin a réussi à réconcilier l’exécutif avec la police, la relation police et jeunes des quartiers est toujours aussi conflictuelle et les drames, des deux côtés, se sont enchaînés. Mais quand les crises se multiplient : gilets jaunes, retraites, émeutes, avec toujours les forces de l’ordre en première ligne, la question de fond se percute contre l’urgence, hier comme aujourd’hui : que la police tienne, et que le maintien de l’ordre soit assuré.

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