Une conférence de presse de rattrapage
Et ce distinguo traduit bien l'évolution de François
Hollande. Il se voulait normal, simple,
à l'abri de l'éclat des dorures du pouvoir. Et puis la réalité, et les
obligations de la fonction, se sont imposées à lui.
Un président de la République n'est
pas normal. Il peut être simple dans son expression, et dans l'incarnation de
sa fonction. Mais il n'est pas comme tout le monde... tout simplement parce qu'il
est supposé (et qu'il prétend) représenter tout le monde.
Après s'être normalement rendu
sur le plateau du 20 heures, pour
répondre aux questions des journalistes, après s'être délocalisé au musée de la
Marine pour l'entretien du 14 juillet, François Hollande renoue avec la
tradition de la grande conférence de presse, au Palais présidentiel.
C'est plus pratique, cela
coûte moins cher, et après tout, c'est le lieu de travail du président de la
République, il est donc logique, et normal, que les Français le voient là où il
exerce la fonction qu'ils lui ont délégué.
Car François Hollande répond aux questions de la presse, mais à travers
les journalistes, c'est aux Français qu'il s'adresse...
Ou bien sûr. Car la relation
de François Hollande et des Français apparaît émaillée de plusieurs
malentendus. François
Hollande voulait incarner une présidence normale. Mais les Français ont perçu une présidence faible et indécise.
Il a choisi un Premier
ministre qui lui ressemble, Jean-Marc Ayrault. Peu soucieux de marquer des coups
médiatiques d'un jour, adepte au contraire de la concertation et des
ajustements successifs. Le couple est apparu incertain, plus sensible aux
bourrasques que capable de bien prendre le vent.
Conscient de ses malentendus, confronté
au ralentissement de la croissance, au début de l'automne, François Hollande a
donc décidé de monter en première ligne, d'accélérer son calendrier, mais, sans
l'assumer publiquement devant les français.
Une omission que le président est
obligé de rattraper aujourd'hui.
Demain, François Hollande va donc nous expliquer que sa politique est cohérente,
qu'il sait où il va.
Exactement. Il lui faudra convaincre du
fait que, depuis 6 mois, aucune de ses décisions n'a été improvisée, qu'il s'est
adapté à l'évolution du terrain, sans pour autant perdre son objectif de vue.
François Hollande expliquera
comment il a planifié son premier semestre élyséen.
Sa priorité a d'abord été de
remettre l'Europe sur les rails de la croissance. Le fameux pacte de croissance
accolé au traité sur la stabilité signé par Nicolas Sarkozy. Une stabilité
budgétaire que François Hollande ne renie pas. Ce qu'il va devoir expliquer, c'est
pourquoi il l'assume totalement. En quoi il ne s'agit pas d'un engagement
contraint de sa part, mais d'un choix.
Deuxième acte ce semestre par
conséquent : la maitrise budgétaire. François Hollande ira-t-il jusqu'à
admettre que les efforts sont plus importants qu'il l'avait envisagé, parce que
la situation s'est aggravée (et il lui faudra dire pourquoi), ou parce que la
situation était plus grave que prévu (au risque de paraître naïf).
Troisième volet de la politique
hollandaise, le pacte de compétitivité, présenté par le Premier ministre, mais
assumé par le chef de l'Etat. Et là encore, François
Hollande devra expliquer en quoi ses choix ne constituent ni des revirements,
ni des improvisations, mais des décisions qui ne contredisent pas le projet du candidat.
La voie est étroite, on le voit. Et l'enjeu est de taille... Car la cote
de confiance de François Hollande est au plus bas.
C'est vrai qu'au vu de sa popularité
déclinante dans les sondages, François
Hollande n'a pas vraiment le droit à l'erreur.
Ou il redresse la situation,
et gagne un peu d'oxygène, pour pousser sa politique et son gouvernement.
Ou bien il rate cet examen de
passage, et faute de confiance, il lui sera bien difficile de relancer l'économie
d'un pays en proie au doute, au sein d'une Europe en crise.
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