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Un président qui prétend ne pas penser à sa réélection

D’après son premier secrétaire, le Parti socialiste n’a pas de candidat du PS. La remarque, signée Jean-Christophe Cambadélis, est surprenante : elle nie la prééminence de François Hollande. Et pourtant François Hollande ne s’en offusquera pas.
Article rédigé par franceinfo
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Le président de la République refuse de penser à la prochaine présidentielle, y compris "en se rasant". Pourtant, en France, l’alpha et l’Omega de la vie politique se jouent autour de l’élection présidentielle. On a même coutume de dire que pour gagner l’élection présidentielle, il faut y penser tout le temps, et depuis tout le temps.

Et quand Nicolas Sarkozy a prononcé cette fameuse phrase - pour dire qu’il pensait tout le temps à la présidentielle, et pas seulement en se rasant- il était parfaitement crédible, et légitime.

Aujourd'hui, avec François Hollande, ce qui est légitime, c’est de dire l’inverse : c'est-à-dire que François Hollande ne pense absolument pas à la présidentielle. C’est le sens de la petite phrase de Jean Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, sur France info  ce matin. "Je suis un premier secrétaire d’un Parti socialiste qui n’a pas de candidat à l’élection présidentielle. Et tant mieux ! D’abord le temps des idées, le casting on verra après. "Cela veut-il dire que le président sortant n’est pas forcément le candidat du parti socialiste ? Réponse : "Je pense qu’il le pense. " Un commentaire étrange et inattendu, mais assez logique finalement, et même légitime, si l’on se place du point de vue de François Hollande. Il faut se rendre compte d’une chose : le contexte a totalement changé.

Ce qui était possible en 2003 ne l’est plus aujourd'hui

Quand Nicolas Sarkozy affirme qu’il pense constamment à la présidentielle, Jacques Chirac est installé à l’Élysée depuis huit  ans. Nicolas Sarkozy est ministre de l’Intérieur, et de plateaux de télévision en studios de radio, il assure qu’il ne veut se consacrer qu’à cette mission place Beauvau. Mais nous sommes en novembre 2003 ; 2007 se prépare, y compris au Parti socialiste. Laurent Fabius vient de révéler que parfois, seul devant son miroir, il lui arrive de penser à la présidentielle. Alors Nicolas Sarkozy se lance lui aussi : il y pense tout le temps. Par cette petite phrase, car il a besoin à ce moment-là d’officialiser son objectif.

Mais ce qui était possible en 2003 ne l’est plus aujourd'hui. François Hollande ne peut ni officialiser cet objectif, ni même sa prééminence sur le choix du candidat.  Il ne peut prétendre qu’en tant que président sortant, il lui appartient de décider le moment venu de se présenter ou non. Contrairement à tous ces prédecesseurs.

Une bataille du chômage cruciale pour François Hollande

Car aujourd'hui, les Français n’en peuvent plus des ambitions des hommes politiques. Ils en ont marre de les voir obsédés par leur inlassable quête du pouvoir. Jean Christophe Cambadélis appelle cela la maladie de « la présidentialite aigue ».

Les Français voudraient que les hommes politiques oublient leurs carrières personnelles, et se consacrent un peu plus à l’intérêt général. C’est le sentiment que veut donner  François Hollande ; au risque de se tendre lui-même un piège : être empêché de se présenter à sa propre succession. Car ceux qui contestent ses orientations se sentent autorisés à hausser le ton.

François Hollande prend ce risque car il se dit que s’il échoue sur le front du chômage, il perdra forcément la présidentielle, mais que s’il remporte cette bataille économique, il sera incontournable pour la présidentielle. 

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