Avant c'était simple. Chaque parti avait un patron qui en était le chefnaturel et incontesté. C'est ainsi qu'ont fonctionné le parti socialiste fondépar François Mitterrand, et le RPR créé par Jacques Chirac. Tant qu'il nedevenait pas président ou Premier ministre, le chef restait le chef. Quand ilétait élu, il désignait lui-même son successeur. Quand il est battu, ilreste autant qu'il le désire. C'était avant, c'était simple. Mais les chosesont changé petit à petit. ****Depuis les primaires socialistes, les militants sontappelés à départager les prétendants .C'en est fini de l'époque où lesmilitants se contentaient de voter pour ratifier, sans barguigner, une décisionprise en haut lieu. Ségolène Royal avait lancé le mouvement, en étant désignéecandidate à la présidentielle, contre la volonté des éléphants. Mais son échecen 2007 avait réduit l'engouement pour cette procédure. 2012 a relancé lemouvement, avec éclat. Les militants et sympathisants du PS ont contredit lesappareils. Ils ont désigné celui que personne n'attendait, François Hollande,lequel a gagné l'élection. Mieux que cela, ces primaires ont offert unenotoriété enviable à des quadras comme Arnaud Montebourg et Manuel Valls,lesquels sont devenus ministres incontournables.Ce qui alimente l'ambitiond'autres quadras, à l'UMP. C'est un peu pour cette raison que NathalieKosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, Henri Guaino et peut-être Xavier Bertrandsont candidats. Participer au débat leur donne l'occasion de se faire connaîtreet de lester leur poids politique.Seulement la règle du jeu actuelle ne leurpermet pas de franchir ce cap. Ils doivent obtenir le parrainage de 3% desadhérents de l'UMP. Ça fait vraiment beaucoup, trop. D'où la contestation decette règle ces derniers temps. Par les quadras, par crainte d'être privés decette tribune, et par des non candidats comme Bernard Accoyer et Alain Juppé,qui s'inquiètent du danger politique d'un duel Fillon/Copé, qui rappelle la guerrefratricide Sarkozy/Chirac. Et c'est vrai que cette rivalité a longtempsempoisonné la progression de la droite. Les divisions internes sontpénalisantes. C'est par crainte de ces querelles que le PS a revu ses règles,qui bloquent les divisions, mais aussi peut-être le débat. Et là encore, lacontestation de la procédure évoque un processus pas très démocratique. Toutest verrouillé par la direction accusent certains socialistes. Le débat est tuédans l'œuf, regrettent certains UMP. Avec un seul et même risque, d'un cotécomme de l'autre : une image du parti peu attractive. Le PS aura l'aird'un parti godillot. L'UMP d'un parti déchiré par les ambitions. Ce qui, aprèstout, correspond assez à la réalité.Après la victoire de son candidat, commentle PS pourrait-il entrer en contradiction avec son champion ?C'estimpossible, sauf à vouloir se faire hara-kiri. Le futur patron de l'UMP n'a pasgrand choix non plus. près la défaite de Nicolas Sarkozy, et son retrait,comment ne pourrait-il pas s'imaginer prendre le relais pour 2017. Et commentempêcher ses rivaux de le penser. Modifier la règle du jeu n'apportera quequelques corrections cosmétiques. Les militants socialistes sont appelés àdésigner un énième porte parole de François Hollande. Ceux de l'UMP un chef deguerre pour s'opposer aux socialistes. Ils le savent, et peut-être mieux queleurs dirigeants.