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Présidentielle 2022 : ces candidats, malgré eux, à un poste de ministre (qui ne les fait pas rêver)

Emmanuel Macron prend son temps pour composer son futur gouvernement. Et d’ores et déjà, ils sont un certain nombre à faire savoir que ministres, ça ne les fait pas franchement rêver. L'édito de Neila Latrous.

Article rédigé par franceinfo - Neila Latrous
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Emmanuel Macron, le 19 avril 2022. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Dans les toutes dernières heures, c’est Carole Delga, présidente de la région Occitanie, qui dit n’être candidate à rien, et ne pas être à vendre. A droite, François Baroin, dont le nom circule, a chargé ses proches de répéter que ça ne l’intéresse pas, d’entrer au gouvernement, quand bien même ce serait pour en devenir le chef. Pour tout vous dire, ils sont un certain nombre à nous dire en privé qu’ils ont été approchés, mais que cette fois, ce sera sans eux. A se demander si finalement, ministre, ça fait encore rêver.

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D'où cette question : intégrer le gouvernement a-t-il encore un intérêt ? Il y a encore quelques postes prestigieux : l’Intérieur, les Armées, les Affaires étrangères, l'Économie et les Finances. Le pôle Travail / Social à la rigueur, l’Ecologie aussi.

Pour le reste, qui saurait nommer, comme ça de tête, la quarantaine de ministres du dernier gouvernement Jean Castex ? Avec la crise sanitaire, il est vrai, un certain nombre ont été réduits au silence, quand la parole était réservée aux ministres les plus essentiels. Voilà déjà un point : certains, comme de vulgaires rayons de supermarchés, sont plus essentiels que d’autres. Les personnalités de la société civile invisibilisées pour la plupart durant le quinquennat se voient aujourd’hui reprocher leur inutilité, ou leur défaut d’incarnation. Comme si ministre, c’était avant tout un spectacle son et lumière.

Qui a envie d'entrer au gouvernement ?

Ce qu’a confirmé d’une certaine façon le rapport d’enquête du Sénat, sur le recours aux cabinets de conseil. Le ministre n’est même plus le super chef d’une administration, puisque les administrations, elles-mêmes impuissantes, voient une partie de leurs prérogatives externalisées. Soyons clairs : si vous êtes jeune et que vous avez une carrière brillante dans le privé, vous n’avez aucun intérêt à aller au gouvernement. Si vous êtes un grand élu à la tête d’une région ou d’une ville importante, avec des moyens à votre disposition, vous n’avez aucun intérêt à aller au gouvernement. Ou, sinon, il faut avoir le sens de l’Etat sacrément chevillé au corps, pour se jeter dans une arène où il n’y a que des coups à prendre.

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Que faudrait-il faire pour redonner du lustre à ce poste ? Sans aucun doute : donner plus de moyens humains aux titulaires avec des cabinets plus fournis et surtout lui redonner un sens politique. C’est à rebours de ce qu’Emmanuel Macron a fait jusqu’ici, en écartant progressivement tous ceux qui un portage politique - Gérard Collomb, Christophe Castaner, Edouard Philippe, François Bayrou - pour des personnalités au profils d’experts - un avocat à la Justice, un ancien prof à l'Éducation, ainsi de suite. Ou en reprochant à ceux qui ont tenté d’organiser le rapport de force - Barbara Pompili à l'Écologie par exemple - de faire précisément de la politique.

Il y a un risque énorme à dévitaliser la fonction de ministre. C’est de réduire la politique au rang de loisir pour nantis, les fonctionnaires assurés de retrouver leur corps d’origine, des personnalités de la société civile en fin de carrière qui n’ont rien à perdre… Ou une poignée de privilégiés avec une assise financière suffisamment large pour s’offrir le frisson d’un passage en ministère. C'est à dire, au fond, tout sauf la représentation fidèle de la France.

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