Pourquoi le gouvernement d'Elisabeth Borne met-il tant l'accent sur la sécurité ?
La loi de programmation sur la sécurité est présentée aujourd’hui en conseil des ministres et Elisabeth Borne a annoncé dès hier des renforts policiers. En cette rentrée, pourquoi le gouvernement met-il l’accent ainsi sur la sécurité ?
La sécurité au coeur de la rentrée du gouvernement ? Oui, car c'est d’abord une promesse du candidat Macron. Durant la campagne présidentielle, il avait annoncé des créations de postes de policiers et de gendarmes. La Première ministre en a donc confirmé 8 500 sur l’ensemble du quinquennat dont 3000 qui seront créés dès l’an prochain, en 2023.
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Et puis surtout, la sécurité, c’est un vrai problème politique pour l’exécutif. Toutes les enquêtes d’opinion montrent que les Français ne font toujours pas confiance au gouvernement en matière de lutte contre l’insécurité. Cinq ans que ça dure ! Cinq ans que ce dossier apparaît comme le talon d’Achille du macronisme. Et jusqu’ici, rien n’y fait, ni les 10 000 nouveaux postes de policiers fièrement revendiqués par l’exécutif sous le précédent quinquennat, ni l’activisme de Gérald Darmanin…
Gérald Darmanin au coeur de l'activité
Le ministre de l’Intérieur est pourtant omniprésent. Et c’est le moins qu’on puisse dire. Cet été, on l’a vu partout. Du front des incendies à celui des rodéos urbains. Sans oublier la traque de l’imam Hassan Iquioussen, accusé d’extrêmisme et d’antisémitisme, en fuite depuis que le Conseil d’Etat a validé son expulsion. En fait, vingt ans après, Gérald Darmanin s’inspire encore volontiers de celui qui reste sn mentor, l’un de ses prédécesseurs place Beauvau, Nicolas Sarkozy, celui que l’on surnommait "Speedy Sarko" tant il s’agitait à tout bout de champ à travers le pays sur le front de la lutte contre l’insécurité. L’activisme lui servait de gage de crédibilité. Le problème, c’est que cette stratégie de communication tous azimuts est un peu usée. Et puis cette frénésie qui est censée rassurer l’opinion incite Gérald Darmanin à toujours en rajouter
Certains l’accusent d’en faire trop, et, ce, au coeur même de la majorité. C’est un reproche que l’on entend fréquemment au sein de l’aile gauche des marcheurs. Hé bien ceux-là vont vivre un automne pénible. Parce qu’après la loi d’orientation et de programmation sur la sécurité, Gérald Darmanin va ouvrir un grand débat sur l’immigration qui se conclura à la fin de l’année par la présentation d’un nouveau texte qui visera notamment à faciliter les procédures d’expulsion en cas de rejet des demandes d’asile. Face à une extrême droite puissante à l’Assemblée, et une opinion à cran sur l’insécurité, Gérald Darmanin a réussi à se rendre indispensable au deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron.
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