Matignon : la difficile succession de Jean Castex
Jean Castex restera à Matignon jusqu’à la fin de la semaine prochaine. Annonce faite mercredi 4 mai par Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement.
Pourquoi est-ce si long ? Parce que Jean Castex n’est pas facile à remplacer. À Matignon depuis juillet 2020, c’est pour Emmanuel Macron une assurance tous risques. Un Premier ministre pratique, confortable. Il ne fait pas d’ombre au chef de l’Etat. Il lui est dévoué, fidèle, loyal, bien plus que son prédécesseur Edouard Philippe. C’est aussi un chef d’équipe, travailleur, dur à la tâche, capable de jouer les paratonnerres dans la tempête, on l’a vu lors du Covid-19.
Avec son profil d’élu local, son accent, sa jovialité, son style complète le côté techno et fort en thème du président. Enfin, Jean Castex est issu d’une droite modérée, un pedigree qui a contribué à conforter la majorité depuis deux ans. À la surprise de beaucoup de marcheurs, Jean Castex a un peu réinventé, dans l’ombre, la fonction de Premier ministre. Il a redonné au poste une utilité, relative, en période de quinquennat.
Qui pour lui succéder ?
Lui-même n’a qu’une hâte, c’est quitter Matignon. Pour lui succéder, Emmanuel Macron s’est mis d’abord en quête d’un locataire attaché à l’enjeu environnemental, il sera directement chargé de la planification écologique, mais aussi à la question sociale, l’urgence du pouvoir d’achat est là. Et de préférence une femme. Mais aucun des noms qui ont circulé jusque là ne semble s’imposer vraiment. Personne ne sait à l’heure qu’il est qui sera nommé à Matignon.
Ce qui est plus intéressant c’est que cette attente révèle de la situation politique : Emmanuel Macron doit-il piocher plutôt à gauche ou plutôt à droite ? "That is the question" ! Un dilemme shakespearien. La gauche est au centre des préoccupations depuis le soir du premier tour. Sur l’écologie ou le social, Emmanuel Macron a infléchi son discours pour aller chercher les voix des électeurs insoumis et se faire réélire. Et depuis, la gauche occupe le devant de la scène politique, et médiatique, avec l’OPA de Jean-Luc Mélenchon sur le reste de la gauche.
Attention à l’illusion d’optique
Dans les urnes, ce sont l’extrême droite et la droite qui dominent, nettement. On l’a vu au premier tour de la présidentielle. 31 % seulement pour l’addition de toutes les gauches. Dans ce contexte, le président ne doit-il pas piocher le successeur de Jean Castex à droite ?
Reste enfin une ultime tentation, qui est aussi un danger pour Emmanuel Macron, celle de se dire que finalement, peu importe le locataire de Matignon, c’est lui, et personne d’autre, qui gagnera, seul, les élections législatives. Ou pas.
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