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Législatives : "Mélenchon Premier ministre", le mot d'ordre de La France insoumise a du mal à s'imposer

La Nupes fait campagne pour que Jean-Luc Mélenchon devienne Premier ministre en cas de cohabitation. Mais sur le terrain, dans les circonscriptions, ce n’est pas si simple.

Article rédigé par franceinfo - Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Affiche de la candidate de la Nupes dans la 3e circonscription des Pyrénées-Orientales pour les élections législatives de juin 2022 (CLEMENTZ MICHEL / MAXPPP)

Le mot d’ordre de la gauche, c’est bien "Mélenchon à Matignon" ! C’est écrit noir sur blanc dans l’accord que le chef des Insoumis a fait ratifier par ses partenaires. Lui-même le répète tellement qu’Emmanuel Macron a dû rappeler qu’"aucun parti politique n’impose un nom au président". "Formellement, c’est vrai, a concédé Jean-Luc Mélenchon, mais en ajoutant que ça ne serait pas raisonnable de faire autrement". Sauf que son problème, c’est qu’à gauche, certains candidats investis par la Nupes considèrent, eux, qu’il ne serait pas très raisonnable de propulser Mélenchon à Matignon.

De nombreux députés socialistes sortants ne font aucune mention de Jean-Luc Mélenchon dans leur campagne. C’est le cas, notamment, de Valérie Rabault, Guillaume Garot ou Marietta Karamali. Certains candidats écologistes ou communistes font de même. En fait, tous ceux-là n’ont avalé l’accord de la Nupes que pour éviter d’avoir un concurrent insoumis dans les pattes. Mais pas question de mettre en avant la figure de Mélenchon. Trop clivant, trop brutal. Et puis certains l’ont subi pendant des années. Ils ont un peu de mal à assumer leur revirement. Par exemple, le mathématicien Cédric Villani, élu député marcheur en 2017. Il y a cinq ans, Mélenchon l’avait accueilli à l’Assemblée en lançant : "J’ai vu le matheux, je vais lui expliquer un contrat de travail, il va tomber par terre". Cinq ans plus tard, "le matheux" est investi par la Nupes mais, en campagne, il ne prononce jamais le nom de Mélenchon.

Malgré l’accord de la Nupes, les divisions à gauche persistent

Elles sont nombreuses. Et ont été illustrées ce week-end, par exemple, par la polémique déclenchée par la visite de soutien de l’ancien leader travailliste britannique Jeremy Corbyn à deux candidats insoumises à Paris, Danièle Obono et Danielle Simmonet. La concurrente de cette dernière, la députée PS sortante Lamia El Araje, a jugé "honteux" que l’insoumise se réjouisse de cet appui. Corbyn fut écarté de son parti, puis du groupe parlementaire, pour antisémitisme, à l’issue d’une longue enquête indépendante. Mais il a toujours été défendu par Jean-Luc Mélenchon.

Hier, le patron du PS Olivier Faure n’a rien dit. Mais la numéro deux du parti, Corinne Narassiguin, et quelques autres figures socialistes se sont indignées de l’attitude des Insoumis. S’il parvenait à entrer à Matignon, Jean-Luc Mélenchon se retrouverait sans doute vite aux prises avec les fractures internes d’une majorité bien fragile.

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