Législatives 2022 : que se passe-t-il entre Emmanuel Macron et Edouard Philippe ?
Manifestement, la défiance règne entre le président réélu et son ancien premier ministre. Et la majorité bruisse de leurs désaccords.
Leurs entourages respectifs bruissent de petites phrases vachardes sur l’autre camp. Au cœur de la discorde, quelle place accorder aux troupes d’Edouard Philippe et à son mouvement Horizons aux législatives ? Combien de circonscriptions ? L’ancien chef du gouvernement veut un groupe autonome à l’Assemblée pour jouir d’une certaine liberté politique et financière. Du côté de l’Elysée, on n’est guère enclin à lui faire un tel cadeau. Edouard Philippe est jugé peu fiable. Son soutien pendant la campagne a été jugé trop chiche et parfois maladroit. Les macronistes lui reprochent d’avoir un peu trop répété que Marine Le Pen pouvait gagner.
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Mais au fond que redoute Emmanuel Macron ?
Deux choses. D’abord, l’apparition de frondeurs au sein de sa majorité. Il a été profondément marqué par l’épisode des frondeurs socialistes. Au final, leur attitude avait empêché François Hollande de se représenter. Ministre de l’Economie, Emmanuel Macron avait tenté de les convaincre un à un de voter la loi qui portait son nom, c’était en 2015. Il avait échoué et Manuel Valls avait dû déclencher le 49-3. Pas question que le sort du second quinquennat soit à la merci de l’attitude de tel ou tel groupe autonome à l’Assemblée.
Or, son rêve de constituer un grand parti unique de la majorité s’est évanoui. Et même l’étiquette commune, "Ensemble citoyens", baptisée en grandes pompes à l’automne par le trio François Bayrou-Richard Ferrand- Edouard Philippe a disparu. A part, La République en Marche et le Modem, toutes les petites chapelles de la majorité essayent de tirer la couverture à elle. A commencer par le nouveau venu, Horizons.
Edouard Philippe songe-t-il (déjà) à la suite ?
Bien sûr, fort de sa cote de popularité, il a déjà le regard tourné vers la présidentielle de 2027. Or, pour la première fois, la majorité sait que le président qui vient d’être réélu ne pourra pas se représenter. Ca donne des velléités d’indépendance… C’est d’ailleurs du déjà vu, avant même l’instauration du quinquennat renouvelable une seule fois. Réélu en 1988, François Mitterrand avait aussitôt vu le PS lui échapper pour s’offrir à Pierre Mauroy plutôt qu’à son poulain Laurent Fabius. Puis ses disciples s’étaient déchirés lors du funeste congrès socialiste de Rennes.
Quant à Jacques Chirac, à peine réélu 2002, il avait été défié par Nicolas Sarkozy qui ruait dans les brancard et clamait qu’il pensait à la présidentielle et "pas seulement en se rasant" ! Au fond, les tensions actuelles entre le chef de l’Etat et Edouard Philippe sont un indice que dans la majorité, l’après-Macron a déjà commencé…
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