Législatives 2022 : pourquoi Hollande, Jospin, Bové ou Cohn-Bendit s’opposent-ils à l’alliance à gauche ?
De nombreux voix à gauche continuent de contester l’accord de rassemblement conclu pour les législatives derrière Jean-Luc Mélenchon. S’agit-il d’une fracture générationnelle, d’une nouvelle querelle des anciens contre les modernes ?
A première vue, on pourrait penser qu'il s'agit d'une fracture générationnelle. En pointe contre cet accord autour de la Nupes, on retrouve la plupart des acteurs du quinquennat Hollande, à commencer par l’ancien chef de l’Etat, mais aussi d’anciens Premier ministre ou ministres de premier plan comme Bernard Cazeneuve ou Stéphane Le Foll. Ceux qui on longtemps tenu les rênes du PS, comme Julien Dray ou Jean-Christophe Cambadélis.
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Côté écolos aussi, c’est la vieille garde qui sonne la charge, et notamment le trio de fondateurs d’Europe-Ecologie-Les Verts, José Bové, Dany Cohn-Bendit et Jean-Paul Besset qui ont publié une virulente tribune commune pour dénoncer « l’escroquerie » d’un accord qui tourne le dos aux engagements historiques des écologistes en particulier en faveur de l’Europe
Ce week-end, même Lionel Jospin a fait entendre une voix dissonante….
Et c’est là qu’on comprend que la contestation n’est pas une affaire de génération. Certes, l’ancien Premier ministre Lionel Jospin a 85 ans. Mais lui est favorable à l’accord unitaire de la gauche. En revanche, il s’oppose à l’éviction de la députée socialiste parisienne sortante Lamia El Araje au profit d’une Insoumise. Il est donc venu s’afficher à ses côtés hier et la soutiendra jusqu’au bout. Il faut dire que la jeune socialiste, 35 ans, a nettement battu l’an dernier la mélenchoniste Danielle Simonnet et c’est pourtant celle-ci, déjà trois fois vaincue aux législatives qui a récupéré l’investiture. Même Olivier Faure déplore une "injustice", ce qui ne l’a pas empêché de signer l’accord… Ailleurs, aussi, par exemple dans la région Occitanie, nombre d’autres jeunes candidats socialistes ont été écartés au profit d’Insoumis…
Il y a donc d’abord un désaccord sur les places ?
Sans doute. Après tout, des partis qui approuvent des accords programmatiques contraires à leurs convictions pour sauver des postes, ça s’est déjà vu. C’est vieux comme la politique. Mais sur le terrain, ce que de nombreux socialistes ont encore plus de mal à digérer, c’est l’hégémonie des mélenchonistes. 330 candidats Insoumis contre seulement 70 socialistes, des dizaines de départements sans aucun candidat PS. Une situation qui risque de susciter pas mal de dissidences un peu partout…
Le PS espère que ces réfractaires baisseront les bras, faute de financement. Un argument qui pourrait bien se retourner contre le parti socialiste. Avec 5 fois plus de candidats que les socialistes, ce sont les Insoumis qui vont rafler la manne du financement public. Le PS risque bien de finir le quinquennat qui s’ouvre sur la paille.
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