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La majorité parlementaire, ça n'existe plus

L'info politique c'est un affrontement verbal très violent entre le Premier ministre et l'opposition cet après-midi à l'Assemblée. La droite se fait un plaisir les couacs et autres incohérences de la gauche au pouvoir. Des dysfonctionnements qui fragilisent le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault.
Article rédigé par franceinfo
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Franceinfo (Franceinfo)

C'est la rengaine à la mode. Jean-Marc Ayrault ne fait pas le poids. Plusieurs ministres
se projettent déjà dans son fauteuil à Matignon. Chaque sortie réussie de Manuel Valls ou Jérôme Cahuzac
renforce leur position dans ce groupe très fermé où se faufile également Pierre
Moscovici. Chaque faux pas éjecte l'un des membres de ce groupe, comme Vincent
Peillon.

En se disant ouvert à un débat sur la dépénalisation du
cannabis, le ministre de l'éducation a commis une belle bourde.Il a aussitôt appelé le Premier ministre, pour le reconnaître,
mais trop tard.

L'erreur (le mot est de Jean-Marc Ayrault), l'erreur est
portée au débit de toute l'équipe au pouvoir. François Hollande lui-même en est
très fâché. De prises de positions précipitées, en reculs et autres
ajustements, le président de la République et son gouvernement donnent le
sentiment de ne pas savoir où ils vont.

C'est en tout cas la
critique de la droite, qui se vérifie dans les sondages.

La chute est spectaculaire. Du jamais vu. Mais cette situation a ses causes politiques et
institutionnelles.Les causes politiques, c'est l'absence de projet
présidentiel clairement assumé par François Hollande.

Le candidat a fait ce qu'il fallait pour battre Nicolas
Sarkozy, en surfant sur un anti-sarkozysme évident, mais sans chercher vraiment
l'adhésion à son projet, un subtil mélange de rigueur et de relance.

Une alchimie tellement subtile, qu'à trop la dévoiler, François
Hollande aurait couru le risque de perdre une partie de son électoral de 2012.

Trop de rigueur annonçait aurait fâché sur sa gauche. Trop d'impôts sur les " très riches ", et les un
peu moins " très riches ", auraient effrayé ses électeurs centristes. Une fois élu, François Hollande s'est retrouvé dos au mur.

Ou bien il admettait qu'il avait prévu l'ampleur des mesures
budgétaires, et il était accusé de les avoir volontairement cachées aux français. Ou bien il était
accusé de ne pas les avoir prévues, et il était donc accusé d'incompétence. C'est bien ce qui est arrivé.

Mais c'est peut-être
là qu'aurait du intervenir le chef du gouvernement, Jean-Marc Ayrault ?

  Sauf que là, le couple exécutif se heurte à une réalité
structurelle, ou institutionnelle. Sous la Cinquième république, il est convenu de dire que le Chef
du gouvernement est le chef de la majorité de la majorité parlementaire s'entend. Or, depuis le quinquennat et l'inversion du calendrier, la majorité
parlementaire correspond à concept un peu obsolète. Les députés de la majorité n'ont pas été élus sous l'étiquette
majorité parlementaire, mais bien sous le label de la majorité présidentielle, quelques
semaines seulement après l'élection de François Hollande.

Les contours de cette majorité ont été définis lors de la
constitution du premier gouvernement Ayrault, les ministres étant nommés par le
président de la République, sur la base d'un engagement entre le président et
ses ministres. (et non leur parti politique comme l'ont démontré ls verts sur
le vote du traité européen)

La session parlementaire du mois de juillet n'a pas permis
au Premier ministre d'imprimer sa marque sur cette nouvelle majorité. François Hollande s'est rendu compte de cette évolution, et
en septembre, il a décidé de se positionner en première ligne. Depuis, Jean-Marc Ayrault s'efforce de trouver un rôle complémentaire
à celui du président. Lequel s'efforce de venir en appui de son Premier ministre.

C'est ainsi que demain, lors du conseil des ministres, les
deux hommes devraient faire front commun pour expliquer aux ministres qu'ils
doivent travailler, beaucoup, sur leur domaine de compétence, et s'abstenir de
tout commentaire sur le reste. Une leçon qui devrait être entendue. Faute de quoi, le gouvernement
finirait par perdre toute crédibilité.

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