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La loi Macron, un texte explosif

Illustration de la volonté réformatrice du gouvernement pour les uns, reniement des valeurs de gauche pour les autres. La loi Montebourg devenue loi Macron ne laisse personne indifférent. Un texte "sur la croissance et l'activité" censé "déverrouiller l'économie française", rien que ça. L'objectif est ambitieux. Le champ d'action aussi. Le panier est garni et les commentaires nourris.
Article rédigé par Yannick Falt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Après le pacte de responsabilité, l'exécutif joue gros sur cette réforme. François Hollande, mais aussi Manuel Valls qui a fait de la réforme son cheval de bataille et donc Emmanuel Macron porte le texte. Pourquoi est-elle cruciale ? D'abord en raison du calendrier : elle ouvre la 2ème moitié du quinquennat. Si elle passe, le gouvernement pourra vanter son réformisme. Dans l'opinion, mais aussi et surtout par rapport à Bruxelles alors qu'Angela Merkel y est encore allée de son commentaire ce week-end. Les réformes sont insuffisantes pour la chancellière allemande. Insuffisantes pour être dans les clous européens en terme de déficit. Et si la loi ne passe pas en revanche, ou si elle est vidée de sa substance, le gouvernement apparaîtra en échec par rapport à sa propre majorité. Un aveu de faiblesse politique. C'est donc l'heure de vérité pour l'exécutif.

La majorité parlementaire promet à nouveau de chahuter

La contestation s'est exprimée mezzo vocce sur le vote du budget. Logique, c'est un acte fondateur. Ne pas voter le budget de l'État, c'est sortir de la majorité. Il y a donc à nouveau eu des abstentions : celles de 37 socialistes mais pas de vote contre. Et le projet de loi Macron pourrait cette fois servir d'exutoire. Des abstentions sont à nouveau en vue, c'est désormais assez classique avec les députés dit "frondeurs". Mais certains pourraient cette fois être tentés de voter contre le texte. D'où le risque d'absence de majorité pour l'exécutif. Un accident parlementaire n'est pas à exclure. Il aurait alors des allures de cataclysme pour le chef de l'Etat.

Et pour l'éviter, le gouvernement est contraint à la négociation

Officiellement, pas question de céder par avance aux frondeurs. Emmanuel Macron a d'ailleurs montré les muscles la semaine dernière :

"Si à chaque fois, le critère était l'applaudimètre, ont ne ferait plus rien "

Mais, en coulisses, le jeune ministre démine. Il a d'abord fallu faire oublier les déclarations de son prédécesseur. Arnaud Montebourg qui avait promis de lutter contre les "rentiers qui captent les revenus des Français", s'attirant les foudres des professions réglementées : notaires, avocats, huissiers... Il lui faut maintenant déminer le terrain avec les parlementaires, dont les partisans de Martine Aubry qui a parlé de "mirage" à propos du travail du dimanche comme gisement d'emplois. Le PS a également sorti les griffes la semaine dernière. Pas question de passer de 5 à 12 dimanches travaillés dans l'année pour la rue de Solferino. Jean-Christophe Cambadelis a fixé le curseur à 7. Et avant l'heure de vérité, c'est l'heure des négociations. Les ultimes arbitrages seront rendus demain. Mais le processus ne s'arrêtera pas là. Viendra ensuite le temps du Parlement et de la bataille d'amendements. Un baril de poudre pour le gouvernement car le texte sera examiné en janvier par l'Assemblée, mais en mars par le Sénat, au moment des élections cantonales.

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