"Nous sommes devant le risque énorme d’une crise majeure mondiale. Et je ne sais pas si nous sommes en mesure d’y faire face." Ce constat d’une rentrée déjà marquée par des jours sombres est celui François Bayrou, qui partage, dans ses échanges permanents avec le président de la République, ce regard sur un monde pris dans un engrenage infernal. Le président du MoDem ne dissimule plus son inquiétude.Elle a même gagné le sommet du pouvoir, jusqu’au cœur de l’Élysée. Emmanuel Macron n’a-t-il pas dénoncé lors de son discours de Bormes-les-Mimosas "l'attaque brutale" de la Russie en Ukraine et appelé les Français à "accepter de payer le prix de la liberté" face aux conséquences en Europe ? Même au plus fort de la crise Covid, le chef de l'État ne nous avait pas habitués à un tel pessimisme.Préparer les espritsPeut-il en être autrement, après six mois d’une guerre qui provoque une réaction en chaîne devenue incontrôlable. "Toute la question est de savoir si la société française sera en mesure d’encaisser les chocs qui s’annoncent", s’interroge le Haut-commissaire au plan et maire de Pau. Hyperinflation, hausse vertigineuse des coûts de l’énergie, risque de coupures de courant ou de gaz cet hiver, endettement... >> Dans quel état d'esprit Emmanuel Macron aborde-t-il la rentrée ?Sans la confiance, la machine économique se grippe. L’Allemagne, locomotive de l’Europe, est entrée dans une crise inédite. Les craintes d’une récession s’amplifient aux Etats-Unis. La Chine connaît elle-même un fort ralentissement. Comment pouvons-nous tenir dans ce contexte contraint et anxiogène ? Le gouvernement est-il armé pour y faire face ? Les ministres font face à des défis majeurs : climatiques, sociaux, sécuritaires. Avec un conflit parti pour durer. "La guerre d’annexion de Poutine dans cette Europe qui se croyait à l’abri fait vivre à la planète une crise que nous n’avons pas connue depuis la Seconde Guerre mondiale". François Bayrouà propos de l'UkraineLes polémiques qui agitent notre débat public risquent vite de nous sembler dérisoires. La France post-Covid était promise à un rebond de croissance, un nouveau départ porté par une reprise encourageante. Ce scénario a vécu. La question est posée : aurons-nous la capacité même de réformer ? Il va nous falloir apprendre désormais à vivre avec cette inquiétude que les plus hauts responsables de ce pays n’arrivent même plus à masquer.