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Guerre en Ukraine : le conflit fait bouger les lignes sur une stratégie de défense commune européenne

Pour la première fois de son histoire, l'Union européenne va acheter des armes pour les livrer à un pays en guerre. Et la menace de la Russie repose l'urgence d'un politque de défense : c'est dans l'édito politique de Renaud Dely.

Article rédigé par franceinfo - Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, Emmanuel Macron, président de la République française, et Charles Michel, président du Conseil européen, le 25 février 2022 à Bruxelles.  (OLIVIER HOSLET / POOL / AFP)

Au cinquième jour de guerre, les combats se poursuivent en Ukraine et à Kiev. L’Union européenne renforce les sanctions envers la Russie. Et Emmanuel Macron préside lundi 28 février à 11 heures un nouveau conseil de défense à l’Elysée. Une succession d’événements qui montrent qu’en l’espace de quelques jours, la France et l’Europe sont bel et bien entrées dans une nouvelle période aux contours encore indéfinis. Il n’est toujours pas question que l’Union européenne ou la France envoient des troupes en Ukraine, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal l’a encore rappelé dimanche. Mais plusieurs décisions annoncées ce week-end illustrent un véritable changement d’époque.

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L’Union européenne brise un tabou en décidant pour la première fois de son histoire d’acheter des armes pour les livrer à l’Ukraine. Pacifiste depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne annonce une "nouvelle ère" de sa politique de défense : elle s’engage à augmenter ses dépenses militaires et à réorganiser ses forces armées. La Suède rompt, elle, avec sa neutralité et s’apprête à livrer des armes, 5 000 lance-roquettes antichars, à un pays étranger, l’Ukraine, une première depuis 1939. Et Vladimir Poutine a carrément annoncé "mettre en alerte" la force de dissuasion russe avec sa composante nucléaire.

Une fermeté européenne inédite

Les experts comme les dirigeants occidentaux évoquent une stratégie d’"intimidation". Pour l’heure, nul n’imagine que le maître du Kremlin recoure à l’arme nucléaire, mais cette surenchère verbale est inquiétante. Et elle montre surtout que ce changement d’époque est d’abord un saut dans l’inconnu. Jusqu’ici, l’Union européenne se montre unie et elle fait preuve d’une grande fermeté pour sanctionner et même pour isoler la Russie. Le défi suivant pour l’UE, et il est d’ampleur, c’est l’organisation de sa défense. Avec cette guerre, les Européens prennent conscience qu’ils ne peuvent s’en remettre uniquement à l’allié américain et au parapluie de l’Otan. Peut-être que la menace Poutine va enfin inciter l’Union européenne à se doter d’une défense commune autonome.

C’est un serpent de mer depuis plusieurs décennie, et c’est un chantier qui tient à cœur à Emmanuel Macron. Mais jusque-là, le chef de l’Etat prêchait dans le désert. Il se heurte, notamment, aux réticences de l’Allemagne. Emmanuel Macron comptait profiter de ce semestre où il préside le Conseil de l’Union européenne pour rouvrir le dossier. La guerre déclenchée par la Russie en souligne l’importance. L’Europe est en quête d’une stratégie de défense commune. A observer la menace que fait peser Vladimir Poutine sur d’autres Etats du continent, comme la Moldavie, la Roumanie voire la Finlande, on en mesure l’urgence.

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