Gérald Darmanin sur tous les fronts cet été : la méthode Sarkozy, 15 ans après
Pas de vacances pour Gérald Darmanin : en plein mois d’août, le ministre de l’Intérieur sature tout l’espace médiatique.
Entre faits divers et feux de forêts, la période estivale est traditionnellement celle du locataire de Beauvau. L’actualité en basses eaux, le moindre drame est appelé à tourner en boucle sur les chaînes d’information continue. Autant de raisons pour un ministre de l’Intérieur d’accourir sur le terrain pour montrer que l’Etat répond présent.
Et Gérald Darmanin se démultiplie, jour après jour, tous azimuts : l’agression des trois policiers de Lyon, le feuilleton de l’expulsion de l’imam Iquioussen, les rodéos urbains, les effectifs de police à Marseille, des tweets quotidiens en soutien aux pompiers en lutte contre les incendies... et la politique également, avec le texte immigration à la rentrée. Il n’y a guère que le pauvre béluga perdu dans une écluse de la Seine qui échappe à son hyperactivité.
Le ministre de l’Intérieur envoie des messages. Il s'adresse d’abord à une opinion publique au bord de la crise de nerfs, confrontée à une insécurité galopante qu’aucun gouvernement ne semble être en mesure d’endiguer. L’été est propice à tous les dérapages. Les rodéos urbains en est l’un des exemples les plus inquiétants. Deux jeunes enfants renversés vendredi soir à Pontoise. Gérald Darmanin choisit ses mots, parle de "phénomène criminel" et annonce 10 000 contrôles dans le mois.
Parce qu’il faut tenter de rassurer, montrer que l’Etat peut encore répondre, ce dont doute un nombre croissant de citoyens. Le ministre de l'Intérieur s’adresse ensuite à la droite, des Républicains jusqu’au Rassemblement national de Marine Le Pen. Une opposition qui nourrit à l’endroit d’Emmanuel Macron un procès récurrent en incompétence en matière de sécurité.
Pour qui Gérald Darmanin roule-t-il ?
Le locataire de Beauvau est un peu le "bad cop" du gouvernement. Celui qui montre ses muscles et ne s’arrête jamais pendant que les autres ministres sont en vacances. Nicolas Sarkozy avait déjà appliqué la méthode en son temps, appuyé par les puissants réseaux Pasqua à son arrivée à Beauvau. Sa conquête énergique lui a ouvert les portes de l’Élysée. Son lointain successeur veut marcher dans ses traces en cherchant à imposer au gouvernement sa propre ligne, plus sécuritaire, plus radicale.
Le pari est difficile : il lui faut trouver ses propres soutiens. Il est surveillé de près : Elisabeth Borne lui a imposé un débat de deux mois avant son projet de loi immigration à l’automne. Gérald Darmanin lorgne sur 2027. La longue marche ne fait que commencer.
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