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Édito
Y a-t-il une vie à gauche après la Nupes ? Le défi de Bernard Cazeneuve
Y a-t-il une vie à gauche après la Nupes ? Ou plutôt hors de la Nupes ? C’est tout le pari de Bernard Cazeneuve. Il a claqué la porte du PS l’an dernier, lors de la conclusion de cet accord. Il voulait protester contre l’OPA de Jean-Luc Mélenchon sur la gauche et l’abdication du PS d’Olivier Faure rallié à la ligne des Insoumis. Depuis, il ne ménage pas ses coups pour dénoncer une stratégie faite d’excès, de bruit et de fureur, qui contribue à hystériser le débat politique et condamne, selon lui, la gauche à rester encore longtemps dans l’opposition. Bernard Cazeneuve y oppose une expression apaisée, et des convictions de social-démocrate attaché à la République, à la laïcité, et à la construction européenne.
>> La Convention : Bernard Cazeneuve lance son "mouvement des orphelins de la gauche" (et anti-Nupes)
Mais peut-il vraiment se passer de partenaires ? C’est en tout cas son premier problème. En vue de 2027, l’aspiration unitaire à la base, au sein de l’électorat de gauche, reste très forte. Nombre d’électeurs en ont marre d’être contraints à un choix par défaut au second tour de la présidentielle, faute de présence d’un candidat de gauche. Il ne fait pas bon passer pour le diviseur de son camp.
L’autre souci de l’initiative de Bernard Cazeneuve, c’est le côté remake. La présence de François Hollande à ses côtés samedi donnait à ce meeting de Créteil une petite ambiance Blues Brothers, du genre "on reforme le groupe"… Pas vraiment novateur.
"Social-démocrate"
Et sur le fond se pose une question : y a-t-il un espace politique pour cette ligne social-démocrate ? Tout le paradoxe, c’est qu’il est aujourd’hui très étroit, mais c’est sûrement le seul chemin qui peut conduire, à terme, la gauche à la victoire. Dominée par sa frange radicale, la gauche galvanise son noyau militant, mais elle se reste loin, très loin d’une hypothétique majorité. Même un insoumis comme François Ruffin l’a compris, au point de se dire "social-démocrate".
Bernard Cazeneuve veut jouer, lui, de son profil rassurant pour récupérer l’électorat de centre gauche passé chez Emmanuel Macron. Il lui reste à se montrer plus audacieux pour entraîner le reste de la gauche. D’où le choix du nom de son mouvement, la Convention, un clin d’oeil à la Convention des Institutions Républicaines qui regroupait le noyau de fidèles de François Mitterrand, à une époque où celui-ci passait pour un has been, usé et isolé.
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