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Édito
Remaniement : après six ans à réagir, Emmanuel Macron veut surtout gagner du temps
Annoncé, retardé, imminent... Le remaniement du gouvernement d'Elisabeth Borne est au coeur d'une attente interminable. Souvenez-vous, ça semble déjà une autre époque, mais après les longs mois de crise politique, de crise sociale liée aux retraites, et quelques jours après l’utilisation du 49.3, Emmanuel Macron avait demandé à ses ministres de travailler à une "nouvelle méthode".
Il leur avait alors donné trois semaines, et ils étaient nombreux, dans la majorité, à attendre avec impatience cet aggiornamento : l’adoption sans vote de la réforme des retraites en avait braqué plus d’un. Mais cette "nouvelle méthode", personne n’en a vu la couleur. Il faut dire qu’un mois plus tard, le président passe à un nouveau concept ave les "100 jours pour apaiser le pays", qui se sont terminés dans le chaos des émeutes… Depuis, Elisabeth Borne a été maintenue à Matignon et on attend donc les "ajustements" promis au gouvernement. Mais ceci n’est pas une réponse politique.
Car, au-delà de quelques changements au gouvernement, il y a un décalage presque lunaire entre les événements et le message d’auto satisfecit envoyé par l’Elysée : "L'objectif des 100 jours a été tenu et le calme est revenu", recevait la presse lundi soir, comme si le choc des émeutes effaçait toutes les questions restées sans réponse. Emmanuel Macron en a fait, pourtant, des mea culpa depuis sa première élection, reconnaissant des erreurs, promettant des actes 2, disant qu’il avait changé, jurant de se réinventer…
"Regarder en profondeur et d'innover"
Mais aujourd’hui, après six ans à réagir aux événements, le président veut surtout gagner du temps : le chef de l’Etat n’a pas de réponse toute faite, il a encore revendiqué mardi soir devant les parlementaires de "regarder en profondeur et d’innover". Emmanuel Macron se laisse donc le temps de jauger les dégâts, de mesurer sa capacité de rebond, aussi, avant d’en tirer des conclusions.
Mais, problème : le message est de moins en moins clair. Disons que la politique de la formule a ses limites. Les "100 jours" avaient pour seul objectif de combler un vide, comme la promesse d’une nouvelle méthode. Le risque, en l’absence d’actes venant la concrétiser, c’est d’affaiblir la parole du président…
En attendant, le maintien d’Elisabeth Borne à Matignon ressemble à un sursis, avant la réponse politique.. Et d’ici la fin de la semaine, le brouillard se dissipera peut-être légèrement avec une prise de parole du président.
La forme qu’il choisira sera déjà un indice : une allocution ou une interview marqueraient une solennité, une pause, et la gravité d’un propos. Une interview en presse écrite ou un message sur le terrain seraient plutôt le signal d’un président décidé à enjamber les événements pour ne pas dévier d’un cap qu’on peine à distinguer.
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