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Édito
Réforme des retraites : le gouvernement a-t-il été victime du "syndrome de la dinde aux marrons" ?
Le rendez-vous était annoncé de longue date, la fanfare en place, les cortèges de sifflets aussi, et patatras, machine arrière ! Dimanche soir, Emmanuel Macron a décidé de ce report de la réforme des retraites lors d’un point avec Elisabeth Borne et le ministre du Travail, Olivier Dussopt.
Officiellement, pour justifier ce retard à l’allumage, il a expliqué lundi 12 décembre que les élections professionnelles qui, viennent de s’achever, auraient retardé certaines discussions avec les syndicats. Et puis le gouvernement voudrait aussi dialoguer avec les nouveaux chefs de partis politiques qui viennent d’être désignés à LR et chez les Verts. Les dates de ces échéances internes n’avaient pourtant rien de secret.
Alors, doit-on croire le chef de l’Etat quand il dit reporter la réforme d’un mois pour écouter les avis d’Eric Ciotti et Marine Tondelier ? Bien sûr que non ! Alors, cette question : quelle est la vraie raison de ce décalage ? Il y en a au moins trois.
Digestion difficile garantie pour le gouvernement
La première, c’est qu’aux yeux du gouvernement, il ressort des dernières consultations que certains syndicats pourraient encore bouger. Pas jusqu’à approuver la réforme, mais peut-être valider telle ou telle disposition sur les carrières longues ou la pénibilité. Dans le viseur de l’exécutif, la CFDT, d’où la reprise des discussions jusqu’au 10 janvier. La deuxième raison, c’est qu’Emmanuel Macron veut mettre la pression sur la droite. Maintenant qu’elle a un nouveau chef, Eric Ciotti, c’est à lui de fixer la ligne de LR et d’expliquer par exemple pourquoi la droite refuserait d’approuver le report de l’âge légal de départ en retraite à 65 ans alors que ses deux derniers candidats à la présidentielle, François Fillon et Valérie Pécresse, le préconisaient.
Et puis la troisième raison, c’est la peur de la dinde aux marrons. Le "syndrome de la dinde aux marrons" consiste pour l’exécutif à annoncer une réforme délicate, réclamant des efforts aux Français, à la mi-décembre, à les laisser s’échauffer sur le sujet le soir du Réveillon, et à ne reprendre la parole que trois semaines plus tard. Digestion difficile garantie pour le gouvernement. D’où le choix d’Emmanuel Macron de gagner du temps. Au risque de renforcer l’impression de cafouillage et d’hésitation au moment de se jeter à l’eau.
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