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Édito
Réforme des retraites : jouer la montre à l'Assemblée, la tactique risquée de la multiplication des amendements
Après la prestation télévisée d’Elisabeth Borne jeudi 2 février, la prochaine étape pour la réforme des retraites, c’est lundi à l’Assemblée nationale avec le début de l’examen du texte en séance, et des débats qui promettent d’être houleux. Car au total, plus de 20 000 amendements ont été déposés, dont 13 000 par la seule France insoumise. La majorité dénonce cette "obstruction parlementaire". Selon la présidente du groupe Renaissance, Aurore Bergé, il faudrait quatre mois pour traiter tous ces amendements. Or, au total, la discussion parlementaire ne pourra excéder 50 jours, dont 20 en première lecture à l’Assemblée. En fait, la Nupes perpétue la stratégie de blocage qu’elle a mise en œuvre cette semaine en commission. En trois jours et 28 heures de discussion, les députés n’ont réussi à examiner que les deux premiers articles d’un projet de loi qui en compte 20.
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Alors pourquoi ce choix ? Pour prendre l’opinion à témoin, gagner du temps, en espérant qu’à l’extérieur, dans la rue, les manifestations enflent. Et que les grèves prennent de l’ampleur. Mais cette tactique ne fait pas l’unanimité à gauche. Au sein même de La France insoumise, certains députés plaident pour accélérer un peu. Ils souhaitent que la discussion parlementaire porte sur le fond, en particulier sur l’article 7 du texte, celui qui reporte l’âge légal de départ en retraite à 64 ans.
Un vote final incertain
Des doutes sont apparus ces derniers jours au sein de la majorité, en particulier parmi des députés d’Horizons. Et le groupe LR tangue, avec de plus en plus de députés prêts à faire défection. Pour appuyer sur ces divisions, l’opposition a besoin que le débat aille à son terme et qu’il se conclue par des votes. A l’inverse, l’obstruction systématique et la course de lenteur pourrait finir par faire le jeu du gouvernement.
En effet, si l’examen du projet de loi ne va pas à son terme, il n’y aura pas de vote de l’Assemblée sur l’ensemble du texte et le gouvernement pourra mettre en œuvre les dispositions de la réforme par ordonnances. C’est la règle constitutionnelle pour un texte budgétaire. Raison pour laquelle, au sein même de la Nupes, plusieurs députés assurent qu’avec ses milliers d’amendements, la gauche se contente de bomber le torse. Mais qu’elle les abandonnera le moment venu pour contraindre le gouvernement à se plier à un vote final incertain.
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