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Édito
Réforme des retraites : Elisabeth Borne peut-elle être confiante ?
Non, elle peut commencer à s’inquiéter. Elisabeth Borne a topé il y a deux semaines avec le nouveau président des Républicains, Eric Ciotti, qui a annoncé le ralliement de ses troupes. Mais à mesure qu’approche le débat à l’Assemblée, il débutera le 6 février, ce soutien s’effiloche. Pour atteindre la majorité absolue, l’exécutif a besoin d’au moins 38 voix parmi les 62 députés LR. Et pour l’instant, pour Olivier Marleix, le patron du groupe, contrairement à Bertrand Renard, le compte n’est pas bon ! Enfin, disons qu’il est "ric-rac". Une quinzaine de députés ont l’intention de voter contre le texte, et une vingtaine hésitent. Officiellement, parce qu’ils trouvent la réforme trop dure, trop brutale…
Un paradoxe puisqu’à la présidentielle, les Républicains prônaient le report de l’âge légal de départ à 65 ans et les sénateurs LR votent chaque année un amendement pour le fixer à 64 ans. Alors ils ont déjà obtenu des aménagements comme l’extension de la pension minimale à 1200 euros pour une carrière complète aux retraités actuels. Mais ils en veulent plus, notamment pour les carrières longues.
Et puis le sort de femmes, dont certaines pourraient être pénalisées par la réforme, attise leurs inquiétudes. Au fond, les députés LR sont pris entre deux feux. D’abord, ils rechignent à servir de roue de secours à Emmanuel Macron. Mais surtout, sur le fond, ils sont coincés entre leur souci de résorber les déficits et de maîtriser les dépenses publiques, et puis la concurrence sur le terrain social du Rassemblement National. Le parti d’extrême droite est souvent puissant dans leurs circonscriptions, car la plupart des députés LR sont élus dans des circonscriptions rurales ou des petites villes, et non pas dans de grandes agglomérations.
L’issue est donc incertaine pour le gouvernement, mais c’est aussi un sacré test pour les Républicains. Le président du groupe à l’Assemblée, Olivier Marleix, assure que ses troupes porteront "des propositions convergentes". Il en va sans doute du sort de la réforme des retraites, mais aussi de la crédibilité de ce qui reste de la droite…
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