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Édito
Réforme des retraites : Elisabeth Borne joue le mouvement, Emmanuel Macron joue la montre
Au lendemain de la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, et en attendant la onzième, annoncée par l’intersyndicale pour le jeudi 6 avril, toujours pas de sortie de crise. L’heure est statu quo et le dialogue toujours dans l’impasse. Certes, Elisabeth Borne a lancé mardi 28 mars une invitation à l’intersyndicale pour le début de la semaine prochaine. Mais la Première ministre se disait jusque là prête à discuter de tout, ou presque, sauf du report de l’âge légal de départ en retraite à 64 ans, soit précisément ce dont veulent absolument parler les syndicats.
L’exécutif a retrouvé le 06 de Laurent Berger mais en fait de contact, on en est pour l’heure au dialogue de sourds. La preuve, le secrétaire général de la CFDT tente une ouverture. Il a souhaité la nomination d’un médiateur et une mise en pause de l’article 7 de la réforme, celui sur les 64 ans, pour au moins six mois, le temps de renouer un dialogue confiant. Il s’est aussitôt attiré une fin de non-recevoir du porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.
Pourquoi ce chaud et froid ? Parce que les deux têtes de l’exécutif n’ont peut-être pas exactement les mêmes impératifs de calendrier. Beaucoup dans la majorité considèrent Elisabeth Borne en sursis à Matignon. La Première ministre a donc un besoin urgent de prendre des initiatives. Pour essayer d’élargir cette majorité d’une part, mais ça c’est sans grand espoir, sa méthode ne convainc guère, même au sein de son camp. Mais elle doit surtout bouger pour apaiser un peu les députés Renaissance mécontents et inquiets de la rigidité de l’exécutif. D’où son souhait de recevoir les confédérations, ce qui, au passage pourrait fissurer l’unité syndicale.
Du côté de l’Elysée, en revanche, on avait du mal à cacher mardi soir une certaine satisfaction au regard du reflux de la mobilisation et, surtout, du faible taux de grévistes. Comme si on entrevoyait le bout du tunnel.
Emmanuel Macron cherche à gagner du temps. Le chef de l’Etat mise toujours sur la lassitude des manifestants et la résignation de l’opinion. Il veut tenir jusqu’à la décision du conseil Constitutionnel, au plus tard le 15 avril, peut-être plus tôt. Son interview télévisée de la semaine dernière a servi de chiffon rouge aux manifestants. Pas question de donc de remonter en première ligne. Au contraire, il veut prendre du champ et s’envolera la semaine prochaine pour la Chine, loin, très loin, des défilés Bastille-Nation.
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