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Édito
Pourquoi la rencontre entre Giorgia Meloni et Emmanuel Macron ne réjouit pas vraiment Marine Le Pen
C'est une entrevue qui ne fait pas vraiment plaisir à Marine Le Pen : la présidente du conseil italien Giorgia Meloni rencontre mardi 20 juin Emmanuel Macron. Pour l’extrême droite européenne, Giorgia Meloni est une pionnière. Elle gouverne depuis huit mois l’un des pays fondateurs de la communauté européenne. Or, si elle conserve au pouvoir une bonne cote de popularité, c’est qu’elle fait de l’anti-Le Pen. Elle a par exemple renoncé au blocus naval unilatéral qu’elle promettait pendant sa campagne pour essayer de se fondre dans une politique d’immigration commune. L’Italie a approuvé le nouveau pacte asile et migration de l’UE, et Giorgia Meloni a même accompagné il y a deux semaines Ursula von Der Leyen à Tunis dans le cadre de coopérations entre l’Europe et la Tunisie.
"Jiminy Cricket"
Tout cela ne réjouit pas Marine Le Pen, parce que Meloni, c’est un peu son "Jiminy Cricket", sa mauvaise conscience. C’est la normalisation qui marche, y compris au pouvoir. La semaine dernière, sur franceinfo, Marine Le Pen a d’ailleurs égratigné le manque de "volonté de politique" de la cheffe du gouvernement italien. Elle a même assuré que "la liberté d’action de l’Italie est entravée par sa situation budgétaire". Il faut dire que sur l’économie, Giorgia Meloni est une européenne modèle. Elle a présenté un budget très rigoureux, avec un déficit inférieur à celui de la France et l’Italie s’engage pleinement dans le plan de relance européen dont elle est principale bénéficiaire. Bref, Meloni s’applique à rassurer les marchés financiers quand Marine Le Pen continue de fustiger Bruxelles.
Le fossé se creuse donc entre l’extrême droite italienne et son homologue française. Les divisions sont nettes lors des votes au Parlement européen où les députés siègent dans des groupes concurrents. Et cela risque de s’aggraver au cours de la campagne des élections européennes. Car Giorgia Meloni est résolument atlantiste, pro-américaine, et soutient avec ferveur le président ukrainien Zelensky alors que Marine Le Pen conserve une indulgence coupable pour la Russie. D’ailleurs, quand Jordan Bardella a esquissé il y a trois mois un prudent mea culpa en confessant une "naïveté collective" sur Poutine, il s’est aussitôt fait rappeler à l’ordre par sa patronne. Au RN, il y a des fondamentaux avec lesquels on ne plaisante pas.
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