:
Édito
Policier incarcéré à Marseille : en soutenant la police, Gérald Darmanin prépare déjà l'après-Beauvau
"Avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison." Cette phrase de Frédéric Veaux, le directeur général de la police nationale, dans Le Parisien, a déclenché de vives réactions, notamment du côté des syndicats de la magistrature et de la gauche de l'échiquier politique. Il apporte ainsi son soutien au policier de la BAC de Marseille placé en détention provisoire pour des soupçons de violences policières. Emmanuel Macron, de son côté, a préféré ne pas commenter, assurant "comprendre l'émotion" des policiers, mais rappelant que "nul en République n'est au-dessus des lois". De leur côté, en soutien, une partie des policiers marseillais n'assurent plus qu'un service minimum.
En déplacement avec Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie, c'est donc de très loin que Gérald Darmanin doit gérer la crise. On le voit sur la photo au côté d’Emmanuel Macron, fidèle du président, déçu de ne pas avoir été propulsé à Matignon, mais bien présent, lui qui ne lâche rien et surtout pas sa hiérarchie policière. Car il est évident que Frédéric Veaux n'a pas pris la parole sans l'aval de son ministre.
En apportant son soutien au fonctionnaire de la BAC marseillaise, accusé de violences sur un jeune de 21 ans et placé en détention provisoire, le DGPN, soutenu par Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris, a dit tout haut ce que le patron de la place Beauvau pensait tout bas… au risque de rallumer le feu avec le garde des Sceaux, Eric Dupont-Moretti.
Gérald Darmanin joue les équilibristes, dans les pas du président, qui a lui-même été rattrapé en direct dans son interview à 13h par cette fronde des policiers et a dû jongler entre le "je comprends l’émotion" et le "nul n’est au-dessus de la loi"...Tout en même temps.
"Il y a quelque chose en lui de Sarkozy"
La question est de savoir si l’Élysée et Matignon étaient dans la boucle pour cette déclaration-choc de Frédéric Veaux qui n’a pas apaisé la colère. En attendant, le ministre de l'Intérieur, privé de Matignon, a annoncé dans la Voix du Nord qu’il fera sa rentrée politique le 27 août. Est-il en train de se lancer dans la course à la présidentielle ? "Il y a en tout cas quelque chose en lui de Sarkozy" pour paraphraser la chanson de Johnny.
Il n’a pas été nommé Premier ministre, alors il lance, avant de partir à Nouméa, cette idée de rendez-vous de fin de vacances déjà coché dans tous les agendas médiatiques. Il fait même mine de s’interroger : cette rentrée de Tourcoing sera-t-elle pérennisée ? Sous-entendu jusqu’en 2027. C’est la "méthode Sarko", celle de la "carte postale" et de l’événement qui chasse l’autre.
À la différence près que Gérald Darmanin ne joue pas la rupture avec Emmanuel Macron, comme Nicolas Sarkozy qui a conquis jadis l’Élysée depuis le ministère de l’Intérieur en rompant publiquement avec Jacques Chirac pour remporter la bataille. Gérald Darmanin n’en est pas là. Il voulait Matignon, Emmanuel Macron ne le lui a pas donné. Le président l’a pourtant envisagé, il l’a confié à certains proches, il y a réfléchi, mais ce n’était pas le bon moment. La rentrée sera dure, le quinquennat est encore long, alors pourquoi griller la cartouche Darmanin tout de suite et manquer de munitions ensuite quand les difficultés reviendront ? Gérald Darmanin, comme le dit l’un de ses amis, doit donc apprendre à gérer son impatience et trouver, le parfait dosage entre "j’ai envie" et "je vais trop loin".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.