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Édito
Opposition à la constitutionnalisation de l’IVG : pourquoi la droite adopte cette position ?
"L’IVG n’est pas menacée", en France défend Gérard Larcher, le président du Sénat et sénateur Les républicains (LR), mardi matin sur franceinfo, ajoutant que "la Constitution n’est pas un catalogue de droits sociaux et sociétaux". Pas question pour lui d’approuver le projet de réforme constitutionnelle du gouvernement, visant à graver dans la Constitution "la liberté garantie à la femme d'avoir recours" à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), alors que le projet de loi arrive à l'Assemblée, mercredi 24 janvier.
Voilà une promesse de campagne d’Emmanuel Macron mal engagée puisque, pour être adoptée, cette révision de la Constitution doit d’abord être adoptée dans les mêmes termes par les deux Chambres, puis être approuvée par une majorité parlementaire des trois cinquièmes. C’est-à-dire que, sans le soutien de la droite sénatoriale, la réforme risque fort de capoter.
La droite avait déjà fait part de ses réticences. Le gouvernement a essayé d’en tenir compte en garantissant dans son texte "la liberté de la femme d’avoir recours" à l’IVG, une formulation introduite par le sénateur LR Philippe Bas dans un texte déjà voté au Sénat fin 2022. La "liberté" plutôt que "l’accès au droit à l’IVG", la version qui avait les faveurs de la majorité à l’Assemblée, mais qui rebutait la droite. Gérard Larcher s’oppose à ce compromis, un calcul politique qui n’est pas sans risque pour la droite.
Une opinion plus libérale sur les questions sociétales
D’abord, rien ne garantit que le recours à l’IVG ne sera pas menacé demain en France par une nouvelle majorité. Il l’est déjà aux États-Unis, mais aussi en Europe, en Pologne voire en Italie. L’extrême droite a le vent en poupe sur notre continent et dimanche, plusieurs milliers d’opposants à l’IVG ont défilé à Paris. Par ailleurs, certains droits sociaux et sociétaux ont déjà valeur constitutionnelle. En fait, la droite, divisée sur ce sujet comme sur tant d’autres, tente de refaire son unité en resserrant les rangs sur sa ligne plus conservatrice. Elle a fait de même en décembre sur le thème de l’immigration.
Mais la différence, c’est qu’autant, l’opinion réclame davantage de fermeté sur les sujets régaliens, autant elle évolue dans un sens plus libéral sur les questions sociétales. On l’a vu avec le mariage pour tous ou plus récemment la PMA pour toutes les femmes. Une fois encore, LR risque d’être pris à contre-pied, comme l’illustre le choix pour les européennes d’une tête de liste, François-Xavier Bellamy, viscéralement hostile à l’inscription de l’IVG dans la Constitution.
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