:
Édito
Laïcité à l'école : les propositions du Sénat pour mieux protéger les professeurs
C'est la sœur de Samuel Paty, l'enseignant assassiné à Conflans-Sainte-Honorine en octobre 2020 par un terroriste islamiste, qui s'était adressée au Sénat en mai 2023. Elle demandait la constitution d'une commission sur les "pressions et menaces" dont les professeurs sont parfois victimes au sein des établissements. On se souvient qu'avant d'être tué, son frère avait été victime des calomnies d'une élève et du harcèlement de militants intégristes.
Au bout de six mois de travail, percutés par l'assassinat à Arras d'un autre enseignant, Dominique Bernard, les sénateurs dressent un constat alarmant, mercredi 6 mars, dans leur rapport. Les incidents se multiplient, des professeurs ont été récemment pris pour cible à Angoulême, dans les Yvelines ou dans le 20e arrondissement de Paris. Et face à ces tensions, ils souffrent d'une "terrible solitude". L'État doit donc les aider davantage, c'est le fil rouge de ce rapport.
Protéger les professeurs, améliorer leur formation pour les aider à faire face aux contestations de leurs enseignements, mais aussi limiter la présence de plus en plus influente de certains parents au sein des établissements. Ou encore mieux, accompagner les enseignants pour que les incidents soient systématiquement signalés et pris en charge. C'était déjà l'engagement de l'ancien ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, qui voulait en finir avec le réflexe du "pas de vagues" au sein de l'institution scolaire. Lors de son bref passage rue de Grenelle, Gabriel Attal affichait le même objectif qui l'avait poussé à interdire le port de l'abaya "à la demande des enseignants", répétait-il. Et c'est pourquoi le président du Sénat, Gérard Larcher, demande au gouvernement de se saisir des conclusions de ce rapport.
Élargir l'interdiction du port de signes religieux
Mais les sénateurs veulent aller plus loin que le gouvernement. D'abord pour mieux inculquer la laïcité aux jeunes profs qui délaisseraient cet impératif. Et, puis 20 ans après la loi de 2004, ils souhaitent élargir l'interdiction du port de signes religieux ostentatoires "à toute activité organisée par l'institution scolaire", y compris hors du temps scolaire, par exemple, une cérémonie de remise de prix, un forum d'orientation ou une sortie scolaire le soir. Une proposition qui devrait vite rallumer la polémique dès lors que le port de signes religieux, interdit à l'école, est autorisé au-dehors, dans l'espace public.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.