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Édito
Immigration : derrière les divergences internes, le jeu de dupes entre LR et le gouvernement
Faut-il discuter des propositions de la droite, ou au contraire les récuser en bloc ? LR a à peine dévoilé son projet sur l’immigration que la question divise, jusqu’au cœur du gouvernement. Mardi 23 mai, le porte-parole Olivier Véran s’est montré conciliant. Ces propositions "ont le mérite d’exister, ça permet d’engager le dialogue" a-t-il souligné, ajoutant qu’il préfère "une opposition qui propose plutôt qu’une opposition qui se contente de contester".
La veille, le ministre du Travail, Olivier Dussopt disait sur franceinfo à peu près le contraire. Il est certes "prêt à discuter", mais sur la base du projet du gouvernement, pas de celui de LR. Il jugeait par exemple "inenvisageable" la volonté de la droite de déroger au droit européen pour légiférer sur l’immigration. Le président de la commission des Lois de l’Assemblée, Sacha Houlié, accuse carrément LR de vouloir un "Frexit" et de "franchir toutes les lignes rouges".
"A prendre ou à laisser"
Alors, comment expliquer de telles divergences au sein de la majorité ? D’abord parce que sur ce sujet politiquement explosif, elle ne sait toujours pas bien ce qu’elle pense. Elle a bien du mal à faire vivre le "en même temps" : "être méchant avec les méchants" et "gentil avec les gentils", selon la formule de Gérald Darmanin. Olivier Dussopt est attaché à la création d’un nouveau titre de séjour pour faciliter l’intégration des salariés en situation irrégulière dans les "métiers en tension". Mais c’est une mesure "inacceptable" pour Eric Ciotti. Et le patron de LR répète de son côté que le projet de la droite est "à prendre ou à laisser". C’est tout ou rien !
Il va pourtant bien y avoir des discussions entre le gouvernement et la droite : Gérald Darmanin va ouvrir des consultations, et le gouvernement affiche l’objectif d’aboutir à un accord avec LR. Mais tout cela est un théâtre, un vrai jeu de dupes. On n’imagine pas la majorité se rallier, sans exploser, au projet de LR largement inspiré du RN. La droite aura beau jeu de fustiger le prétendu "laxisme" d’Emmanuel Macron.
Résultat : en se mettant dans la main de LR, l’exécutif prend le risque de subir la même déconvenue que sur les retraites. Et de démontrer que sur ce sujet-là non plus, il n’a pas de majorité à l’Assemblée.
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