Édito
Gouvernement de Michel Barnier : quel est l'intérêt pour la gauche de déposer une motion de censure vouée à l'échec ?

Si le texte est cosigné par la quasi-intégralité de l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire, le gouvernement ne semble pas menacé. Le Rassemblement national n'a pas prévu de soutenir cette motion de censure.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre Michel Barnier, lors de la séance publique de questions au gouvernement  au Palais-Bourbon, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, à Paris, le 02 octobre 2024. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS)

Michel Barnier affronte, mardi 8 octobre, à l’Assemblée sa première motion de censure. Un test sans grand risque pour le Premier ministre. On sait déjà que le gouvernement ne tombera pas. Le groupe des députés RN ne votera pas ce texte déposé par la gauche. Celui-ci ne devrait donc recueillir au maximum qu’environ 200 voix, soit nettement moins que le seuil nécessaire de la majorité absolue fixée à 289. 
 
Quel intérêt pour la gauche de mener un combat perdu d’avance ? Eh bien comme souvent, la motion de censure, c’est d’abord un rituel, un jeu de postures, un grand classique du petit théâtre parlementaire. Pour ceux qui la déposent, il s’agit d’interpeller l’opinion pour s’afficher en meilleurs opposants au gouvernement, les plus clairs, ceux qui ne font pas de concession. C’est le premier objectif de la gauche aujourd’hui. Dans la foulée, le deuxième, c’est de montrer que Michel Barnier est dans la main du RN. En fin de journée, à coup sûr, toute la gauche s’indignera en constatant que le RN ne veut pas renverser le gouvernement, en tout cas pour l’instant. 

La gauche accusera le gouvernement de dépendre de la bonne volonté de Marine Le Pen, ce qui est aussi le cas de la gauche qui a besoin des voix de l’extrême droite pour faire chuter Michel Barnier. Dernier objectif, resserrer les rangs d’une gauche qui ne s’unit que pour s’opposer à l’exécutif, et se déchire sur à peu près tout le reste. On l’a encore vu ce week-end avec l’appel de Jean-Luc Mélenchon à "mettre des drapeaux palestiniens partout dans les universités", une nouvelle provocation dénoncée avec force par les socialistes.

Une stratégie non dénuée de risques 

Il n’y a pas non plus que des avantages à déposer une motion de censure. L’échec montre aussi que l’on n’a pas de majorité de rechange. Le Nouveau Front populaire a beau hurler au "déni de démocratie" parce qu’Emmanuel Macron n’a pas nommé Lucie Castets à Matignon, le scrutin d’aujourd’hui va montrer que la gauche est minoritaire dans l’hémicycle. Comme lors de l’élection de Yaël Braun-Pivet au perchoir. Présenter des motions de censure vouées à l’échec de façon répétée, c’est mécaniquement renforcer le gouvernement et prendre le risque de se confiner à une attitude stérile et purement protestataire. Surtout si, le jour où une motion de censure finit par renverser Michel Barnier, le Rassemblement national, dont l’appoint sera décisif, se retrouve en position de revendiquer ce succès.

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