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Édito
Fraude sociale : comment l’exécutif veut couper l’herbe sous le pied à la droite et au RN
Allocations, cartes Vitale, retraités à l'étranger... Le ministre délégué chargé des Comptes publics Gabriel Attal a dévoilé ce 30 mai 2023 un vaste plan de lutte contre la fraude sociale qui doit permettre de faire des économies et de doubler les redressements d'ici à 2027. Il le fait trois semaines après avoir présenté un autre plan, celui-là pour lutter contre la fraude fiscale.
C’est donc la deuxième lame d’une stratégie sur laquelle l’exécutif mise politiquement beaucoup. D’abord, parce qu’il s’agit de ressusciter le fameux "en même temps". Début mai, en ciblant la fraude fiscale, terrain de chasse favori de la gauche, Gabriel Attal affichait l’objectif de faire "payer ce qu’ils doivent aux ultrariches" et il soulignait que la fraude fiscale des "puissants" est "impardonnable". Cette fois-ci, en visant la fraude sociale, Bercy s’attaque à une marotte de la droite.
"Pragmatisme" plutôt "stigmatisation"
Le gouvernement le fait au nom du "pragmatisme", une façon d’exhumer un autre précepte du macronisme originel. Le pragmatisme, l’efficacité, plutôt que les postures idéologiques. Ainsi, Bercy réfute la "stigmatisation" par la droite et l’extrême droite de la fraude imputée aux étrangers. Bien sûr, certaines mesures peuvent parler à cette frange de l’opinion, comme l’interdiction de verser des prestations sur des comptes bancaires non-européens ou l’allongement à neuf mois de la durée de résidence nécessaire pour qu’un étranger en situation régulière perçoive des allocations.
Mais au-delà de ces clins d’œil politiques, l’exécutif affiche surtout l’objectif de s’attaquer à des fraudes, en matière de travail, de prestations de santé ou d’allocations, qui sont pour la plupart à l’initiative des employeurs ou des professionnels de santé. Ces fraudes touchent au quotidien des Français. S’y attaquer, c’est donc un autre moyen de reconquérir les classes moyennes, objet de toutes les attentions d’Emmanuel Macron. Car ce qui alimente la crise civique depuis des années, ce n’est pas tant le fait que les gouvernants qui se succèdent sont considérés trop à droite ou trop à gauche. C’est qu’ils sont jugés au mieux impuissants, au pire, inutiles.
Pour le gouvernement, punir les fraudeurs, traquer les milliards évanouis, ce n’est pas seulement incarner l’ordre et le droit, c’est une question de survie. Car c’est faire la preuve de l’utilité de l’action publique et de l’efficacité de ce modèle social dont les Français sont si fiers.
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