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Édito
Fin du droit du sol à Mayotte : le risque pour l'exécutif que l'immigration devienne le sujet quasi-unique du débat public
On croyait que le débat politique sur l’immigration s’apaiserait pour un certain temps après l’adoption d’une loi en décembre. Mais l’exécutif remet ça avec un texte en préparation pour supprimer le droit du sol à Mayotte. Un projet de loi d’"urgence" annoncé pour le 22 mai en Conseil des ministres, préalable à une révision constitutionnelle. Et donc de nouveau de longs mois de débats en perspective.
La majorité est sortie lessivée et divisée de la longue séquence de décembre dernier. Le gouvernement n’avait approuvé qu’à contrecœur un texte qui ne lui plaisait pas. Emmanuel Macron et Gérald Darmanin espéraient la censure du Conseil Constitutionnel. Le 25 janvier, les Sages ont retoqué les dispositions ajoutées par la droite. Et hop, à peine ce marathon achevé, l’exécutif replonge.
La même situation qu’en décembre
La crise migratoire à Mayotte est profonde. Le gouvernement ne pouvait tolérer plus longtemps que le 101e département français soit en proie à la violence et bloqué par des barrages. Mais politiquement, ce qui frappe, c’est que l’exécutif se retrouve exactement dans la même situation qu’en décembre, c’est-à-dire dans la main de la droite et de l’extrême droite. Le gouvernement pourra-t-il vraiment compter sur le soutien fiable des parlementaires LR pour faire adopter sa révision constitutionnelle ? Comment va-t-il gérer la surenchère du RN qui réclame la suppression du droit du sol sur l’ensemble du territoire français. Et puis la majorité va-t-elle se diviser encore une fois, et jusqu’où ? Certains députés ont déjà fait connaître leur malaise avec la réforme à venir.
La droite ressort, elle aussi, ses propositions. Éric Ciotti a le sentiment de s’être fait rouler. Il enclenche donc la procédure du RIP, le référendum d’initiative partagée, pour ressusciter ses mesures retoquées par le Conseil constitutionnel. Sans grand espoir puisqu’il lui faut collecter près de cinq millions de signatures de citoyens en neuf mois. Mais son initiative va entretenir la polémique. Sans oublier la réforme de l’aide médicale d’État que Gabriel Attal veut mettre en œuvre par voie réglementaire. Bref, l’atmosphère est une fois de plus au concours Lépine sur l’immigration. Un sujet important à traiter par les gouvernants bien sûr, mais le risque pour l’exécutif, c’est qu’à force de surenchère, il devienne le sujet quasi unique du débat public. Pour le plus grand bonheur de l’extrême droite.
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